Poursuivant notre information sur le déroulement des conférences traitant de la sécurité et de la coopération en Europe, l'auteur, politologue et spécialiste, fait ici une synthèse de la réunion qui a eu lieu à Vienne cette année. Ce texte est d’autant plus intéressant que Mikhaïl Gorbatchev semble avoir voulu donner son empreinte aux discussions. Mais en tout état de cause, ainsi que conclut l’auteur, il apparaît toujours que « la diplomatie multilatérale conduit à rechercher des solutions complexes à des problèmes aux données claires ». Cet article est la suite naturelle de ceux déjà parus dans notre revue en juin 1978 (Belgrade) et décembre 1983 (Madrid).
La Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE) à l'ère Gorbatchev
Après celles de Belgrade (1977-1978) et de Madrid (1980-1983), une troisième réunion sur les suites de la CSCE s’est ouverte à Vienne, le 4 novembre 1986, en vue de l’examen approfondi de la mise en œuvre des engagements souscrits par les 35 États participants depuis la signature de l’Acte final d’Helsinki, de l’étude de nouvelles propositions destinées à renforcer le processus et, enfin, de l’adoption d’un document de clôture. En dépit d’un certain nombre de paramètres politiques favorables, la réunion n’a pu mener à bien, au 31 juillet 1987, date initialement envisagée pour la fin des travaux, que les deux premières de ses tâches.
Les paramètres politiques de la réunion de Vienne
Contrairement aux rencontres précédentes, qui mirent en péril le principe des suites (Belgrade) et même celui de la CSCE (Madrid), celle de Vienne pouvait tirer avantage de divers atouts assez exceptionnels. Établi en « préparatoire » dans un délai record de deux semaines (23 septembre-6 octobre 1986), son ordre du jour comportait déjà trois innovations appréciables : l’extension de la durée des débats relatifs au bilan, l’accroissement du degré de publicité des travaux et la fixation immédiate du principe de la poursuite du processus de la CSCE.
Les décisions de la « préparatoire » allongeaient la période réservée au bilan à sept semaines au lieu de cinq ; à Belgrade et à Madrid, la détermination du temps imparti à cet exercice avait constitué un litige crucial. D’autres dispositions ouvraient l’accès des travaux à la presse et au public intéressé, à certains moments précis, avant la suspension et la reprise de chacune des trois sessions programmées jusqu’à l’été 1987 (1) : jusqu’alors la publicité avait été strictement limitée aux séances d’ouverture et de clôture formelles ; mieux couverte par les médias que les précédentes, la réunion de Vienne fut en outre entourée par un vaste réseau d’organisations internationales non gouvernementales (représentant les Juifs soviétiques, les Tatars de Crimée ainsi que les Hongrois, les Polonais, les Tchèques, les Baltes et les Ukrainiens de l’exil, les groupes de surveillance d’Helsinki, les familles séparées, les refuzniks atteints de cancer, etc.) qui multiplièrent conférences de presse et manifestations publiques de toutes sortes (2). Enfin, l’adoption d’une décision au sujet d’une nouvelle réunion sur les suites, avant même toute négociation de fond, témoignait de l’existence, à ce stade, d’un consensus inhabituel à la CSCE.
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