La conception d’une politique de défense nationale dépend de l’idée qu’un peuple a de sa propre puissance, donc de la place du pays dans le concert des nations.

L’histoire moderne nous enseigne que la France, malgré ses avatars, a pu tenir un rôle de premier plan jusqu’à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. C’est grâce en grande partie à son empire d’alors, qui lui a fourni l’espace de manœuvre nécessaire et les ressources tant humaines qu’économiques, qu’elle a pu retrouver sa souveraineté. C’est toujours grâce à cet empire qu’elle a pu se faire reconnaître contre vents et marées par ses alliés et se faire admettre au Conseil de sécurité de l’ONU comme membre à part entière alors que cela n’entrait pas dans le dessein de ses promoteurs. Depuis, elle a entrepris la grande œuvre d’émancipation que nous savons. Les quelques territoires éparpillés à travers tous les océans, souvenirs d’une épopée à jamais révolue, ont choisi librement et délibérément de demeurer au sein de la république. Nos DOM-TOM constituent le prolongement du territoire national : c’est la France ou plutôt les « Frances » ⁽¹⁾ comme un certain nombre d’analystes ont pu le suggérer ces dernières années.

Dès l’instant que nous considérons ces terres lointaines comme le prolongement du sol européen, mis à part l’aspect juridique des TOM au regard de la CEE, comment ne pas reconnaître au pays une vocation de puissance des Caraïbes et des Amériques, de l’océan Indien et de l’océan Pacifique ? Cette dimension mondiale, même modeste en superficie, implique pour le pays des charges, des devoirs et la prise en compte d’un environnement qui n’est pas sans poser de problèmes pour nos intérêts et pour la Communauté européenne.