L'auteur, qui avait déjà écrit dans notre revue, réside actuellement aux États-Unis. Il a étudié d'une manière approfondie Perestroïka (Flammarion, 1987, 371 pages), cet ouvrage qui tend à nous persuader que, grâce à Gorbatchev, l'Union soviétique est entrée dans une ère nouvelle. Il nous fait part de ses réflexions et nous incite à la vigilance.
À travers les livres - Écoutons Gorbatchev
Le secrétaire général du comité central du parti communiste de l’Union Soviétique s’est souvent exprimé ces derniers mois. Le discours de Mourmansk, ses déclarations à la télévision puis à la presse américaine, et surtout la publication, aux États-Unis, de son excellent livre « Perestroïka » (1) nous ont gâtés. Voici enfin un chef d’État soviétique doué d’une pensée précise, concrète, servie par un style élégant auquel une pointe d’humour donne parfois une touche personnelle. Nous sommes, espérons-le, sortis de la langue de bois.
Les livres des hommes d’État méritent attention ; nos pères, dans les années trente, en eussent-ils plus prêté à l’un d’entre eux, certes de moins bonne venue, nous nous en serions mieux trouvés. M. Mikhaïl Gorbatchev nous apporte beaucoup. Certes, pour le fervent léniniste qu’il est, l’information n’est pas un but en soi, mais un outil au service de l’action. « Agit » et « Prop » restent indissociables. Mais on n’écrit pas 254 pages, on ne s’explique pas une heure durant devant la chaîne NBC, sur du vent seulement.
Nos politologues et nos économistes butineront avec profit le premier tome de son livre. Nous, gens de la défense, trouverons dans le second, « Une nouvelle pensée sur le monde », de quoi éclairer nos lanternes. On y voit en effet que l’URSS continuera à encourager le succès mondial du socialisme, mais par des moyens nouveaux, parce que le fait nucléaire l’oblige à rompre avec les méthodes de Clausewitz. Pour mieux réussir par d’autres voies, il lui faut alléger son fardeau militaire ; c’est pourquoi l’inquiète tant cette IDS américaine qui, par entraînement, risque d’alourdir encore ce boulet. On notera au passage un courtois coup de chapeau à la dissuasion « du faible au fort », mais la façon d’éliminer les armes nucléaires des Européens est aussi annoncée. Enfin, pointe l’oreille d’un enthousiasme européen original.
Il reste 84 % de l'article à lire
Plan de l'article