L'auteur fait l’éloge, et en même temps le point de sa mise en œuvre, de la Déclaration universelle des droits de l’homme qui fut rédigée par l’Organisation des Nations unies (ONU) il y a quarante ans, le 10 décembre 1948.
La Déclaration universelle des droits de l'homme a quarante ans
Le 26 août 1989, la France célébrera solennellement le bicentenaire de l’adoption de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, qui fait aujourd’hui partie intégrale et intégrante du préambule de la Constitution gaullienne de la Ve République, approuvée par référendum le 28 septembre 1958. Cette déclaration nationale sur les droits civils et politiques fondamentaux de la personne humaine n’avait pas été conçue pour le seul citoyen français mais pour tout être humain quel qu’il soit.
Cela étant, il faudra attendre près de 160 ans pour assister, par l’intermédiaire de l’ONU, à l’internationalisation de la question des droits de l’homme. Après l’« âge de la proclamation » juridique des libertés au XVIIIe siècle, puis l’« âge de la socialisation » au XIXe, qui ajoute aux droits civils et politiques reconnus par le siècle des lumières des droits économiques, sociaux et culturels, la Charte des Nations unies proclame pour la première fois à la face du monde, en 1945, que les « peuples sont résolus à préserver les générations futures du fléau de la guerre qui deux fois en l’espace d’une vie humaine a infligé à l’humanité d’indicibles souffrances, à proclamer à nouveau leur foi dans les droits fondamentaux de l’homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l’égalité de droits des hommes et des femmes, ainsi que des nations grandes et petites » (1).
La novation politique et juridique est considérable. En effet, avant 1945, la question des libertés fondamentales relève du droit national des États ; c’est une affaire intérieure qui ne regarde en rien la communauté internationale ; désormais, la sacro-sainte règle de la non-ingérence, corollaire du principe du respect de la souveraineté, tombe en matière de droits de l’homme devant les dispositions onusiennes. L’alibi de la non-ingérence sera pourtant toujours invoqué par les régimes totalitaires ou autoritaires, de droite comme de gauche, qui les violeront. Le gouvernement algérien du président Chadli — pendant la répression sanglante des événements du mois d’octobre dernier — utilisera systématiquement l’argument. Et la France, patrie des droits de l’homme, atteinte du syndrome du colonisateur, gardera un « silence éloquent » tout en affirmant qu’elle « se doit de marquer sa solidarité avec l’Algérie en l’aidant dans cette période difficile » (2).
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