L'auteur propose à la revue une analyse sérieuse du livre de Salman Rushdie, Les versets sataniques. La qualité de l'ouvrage, les commentaires approximatifs qu'on en a publiés, les remous qu'il a créés dans le monde musulman et la menace qui pèse toujours sur l'auteur justifient cette initiative. Le caractère fantasmagorique de l'œuvre, l'érudition dont fait preuve l'auteur en matière d'islam et les déformations volontaires dont il travestit la vérité exigeaient un travail attentif et documenté.
À travers les livres - Scandal point
Le lecteur peut s’étonner de ce que la revue Défense Nationale consacre un article à ce vaste et brillant canular que Salman Rushdie a intitulé « Les versets sataniques » (2). On rappellera donc que la publication du livre a entraîné l’appel au meurtre de son auteur, appel lancé par la plus haute autorité d’un État certes souverain mais dont le « coupable » n’est pas citoyen. Voilà donc posé un problème de droit, de souveraineté, de sécurité, et voilà justifié le chroniqueur, qui n’a au demeurant pour ambition que d’analyser un ouvrage difficile et de remettre le blasphème à sa juste place, laquelle n’est pas telle que quelques musulmans excessifs l’ont dite.
Cette fantasmagorie ne saurait être convenablement résumée. Dès les premières pages nous savons où nous mettons, si l’on ose dire, les pieds : les deux héros, Gibreel et Saladin, tombent en chute libre dans le vide glacial de la nuit, rescapés miraculeux de l’explosion du jet Bostan, vol AI 420, détourné par un commando terroriste. Miraculeusement toujours, les deux hommes, battant des bras, se posent sans dommage sur une plage anglaise. Un si grand prodige est le signe d’une élection étrange : Gibreel, qui n’en peut mais, se voit investi de la mission de l’archange dont il porte le nom ; Saladin, plus malheureux encore, se transforme en chaytan, pieds de bouc et cornes au front. C’est parti pour le rêve.
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