La réduction des forces conventionnelles en Europe
Rien n’est plus comme avant depuis que Mikhaïl Gorbatchev règne au Kremlin, et c’est vrai surtout en matière de désarmement et de maîtrise des armements. La règle du jeu, selon laquelle chaque partie faisait des propositions dont elle savait d’avance qu’elles seraient rejetées par l’autre — ce qui avait rendu vaines les négociations sur les euromissiles comme les pourparlers de Vienne dits MBFR —, fut bouleversée par le nouveau maître de l’URSS, en janvier 1986, lorsqu’il accepta la « solution zéro » pour les missiles intermédiaires, proposée en 1981 par le président Reagan. Quatre mois plus tard, lors de son séjour à Berlin-Est, il se déclarait prêt à entamer de nouvelles négociations sur les forces conventionnelles, et le Conseil de l’Atlantique Nord, réuni à Halifax en mai 1986, institua, avec la participation de la France, un groupe de travail de ses seize membres pour en préparer les bases. Un mois plus tard, le sommet des pays du Pacte de Varsovie entérina, à Budapest, cette nouvelle approche soviétique, l’extension de la perestroïka aux domaines militaire et du désarmement. Les objectifs de l’Alliance atlantique furent précisés lors de la réunion ministérielle à Bruxelles, en décembre 1986, et puisque la troisième conférence sur les Suites de la charte d’Helsinki — la CSCE — s’était ouverte à Vienne le même mois (les autres ayant eu lieu à Belgrade et à Madrid), les représentants auprès de cette conférence des 23 pays appartenant aux deux alliances militaires commencèrent, en février 1987, des pourparlers exploratoires.
Entre-temps, une bataille de procédures s’était engagée entre les États-Unis, soutenus par la plupart des Alliés d’une part, et la France d’autre part, cette dernière souhaitant, dans la lignée du plan Giscard sur le désarmement en Europe (mai 1978), associer à cette entreprise les 35 pays membres de la CSCE, bien que les Américains insistent (comme depuis l’ouverture des MBFR en 1973) sur ce qu’à Paris on appelait l’approche de « bloc à bloc ».
Le compromis, trouvé en été 1987 sur la base d’un plan germano-britannique, prévoyait que la négociation se déroulerait à 23, mais qu’elle serait liée au processus de la CSCE, précisément à la continuation de la conférence de Stockholm sur les mesures de confiance en Europe, qui avait abouti, en septembre 1986, à un document élargissant et améliorant considérablement ces mesures de transparence militaire inscrites dans l’Acte final d’Helsinki de 1975.
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