Politique et diplomatie - L'Allemagne et l'Europe
Depuis la fin du Moyen Âge, l’Europe s’est rêvée équilibrée, c’est-à-dire préservée d’une « monarchie universelle » par la lutte perpétuelle entre quelques grandes puissances (Angleterre, France, Autriche…). En 1871, l’unité allemande installe au centre de l’Europe un colosse démographique, économique, militaire, scientifique. Bismarck saisit tout de suite le danger ; il est hanté par le cauchemar d’une coalition européenne contre l’Empire qu’il a bâti par le fer et le sang.
Or, ce problème de l’Allemagne, estimé comme la cause de la fin de l’équilibre européen, prend forme au moment même où celui-ci ne peut plus avoir le même sens qu’au XVIIIe ou au début du XIXe siècle. À l’aube du XXe siècle, l’Europe n’a plus rien d’un espace autonome : les grandes puissances se sont partagé l’Asie et l’Afrique ; en outre, la puissance des États-Unis, l’immensité et le décollage de la Russie entraînent, dans leur sillage, la perspective d’un équilibre international élargi.
Avec les deux guerres mondiales, et surtout la Seconde, ce nouvel équilibre va se matérialiser. Et l’Allemagne, destructrice du vieil équilibre, devient le cœur et le symbole d’un ordre européen, fondé sur sa division et placé sous la cosurveillance des États-Unis et de l’Union Soviétique.
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