L'Alsace, problème de Défense nationale
On a déjà beaucoup écrit sur l’Alsace. D’aucuns peuvent croire que le sujet est épuisé, ou près de l’être. Et, d’autre part, nul ne saurait songer à l’aborder en ce moment sans éprouver un scrupule d’opportunité. L’Alsace est un corps vivant, dont certaines chairs sont à vif. Est-ce bien l’instant de se pencher sur cette matière frémissante, de chercher les mots qui loueront le courage impassible et résigné du patient, son attente muette de meilleurs lendemains ?
À quoi l’on peut répondre que ce sont précisément de telles circonstances qui aident à bien discerner la nature et l’ampleur des devoirs publics, et que l’on préparera d’autant mieux un devenir moins incertain à cette province aimée que l’on aura compris plus exactement, à l’heure de la souffrance, ce qui a causé son tourment. Rien ne devra être négligé, ni demain ni plus tard, pour prévenir le retour de ses douloureuses épreuves, si noblement supportées.
Nous n’aborderons notre sujet qu’avec discrétion : en temps de guerre, un tel devoir, s’il devait être méconnu, vous serait tôt rappelé par ceux qui veillent sur la pensée publique et privée. Aussi bien, le problème peut-il être traité avec franchise, sans enserrer dans son exposé aucun secret. Toutes choses, dans le cas particulier, peuvent être dites sans manquer ni à l’objectivité ni à la prudence.
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