Politique et diplomatie - Qu'est-ce qu'une Nation ?
« Un pays n’est pas la simple addition des individus qui le composent ; c’est une âme, une conscience, une personne, une résultante vivante » (Ernest Renan, 1871). Cette célèbre définition de la nation prend, en cette fin du XXe siècle, une étrange actualité. Qu’est-ce qu’une nation ? Cette interrogation se retrouve, avec des perspectives différentes, en Union Soviétique et en Allemagne, aux États-Unis et en Chine, ou même en Espagne et en France.
Le marxisme-léninisme avait, semble-t-il, engendré une nation d’un type historiquement nouveau : l’Union Soviétique, qui « symbolise l’unité du peuple soviétique en tant qu’État et unit toutes les nations et ethnies en vue d’édifier en commun le communisme » (article 69 de la Constitution de 1977). Ainsi les conquêtes coloniales de la Russie tsariste et les annexions de l’ère stalinienne se métamorphosaient-elles en une association libre de peuples, première étape vers l’État socialiste universel. Or, avec l’expérience Gorbatchev, les antagonismes entre nationalités resurgissent intacts : la nation soviétique s’évanouit, laissant, à sa place, un conglomérat, un empire déchiré.
La division de l’Allemagne, l’évolution de ce problème rappellent quelques évidences. Une nation repose en définitive sur une communauté affective, nourrie de souvenirs, de références, de symboles, d’obligations : les Allemands de l’Est, qui fuient leur État, vont chez eux en se rendant en Allemagne fédérale, et cette dernière (en dépit de l’agacement de certains, perturbés dans leur confort) accueille ainsi les siens. Cette réalité nationale, qu’implique-t-elle en termes politiques ?
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