Évoquant les événements récents ainsi que les déclarations et décisions que ceux-ci suscitent en ce qui concerne la défense, celle de la France en particulier, l'auteur a rédigé une synthèse de ses réflexions sur les armées en cette fin de XXe siècle. Il y aborde tous les domaines, depuis la stratégie jusqu'au métier militaire et à ses sujétions.
Années quatre-vingt-dix et militaires
1989 a mis un terme éclatant à une période jusqu’alors agitée, mais au cours de laquelle des lignes directrices connues depuis près de quarante ans guidaient sagement l’évolution du contexte géopolitique mondial. Ce dernier vient de se modifier, en Europe surtout, si rapidement qu’il a paru basculer. Du coup, il se dit ou s’écrit, de-ci de-là, qu’il n’y a pas de défense sans adversaire préférentiel et que la cause s’évanouissant, la conséquence et ses coûts, en matériels et en hommes, devraient avoir le bon goût d’en faire autant.
La charrue se trouve ainsi supprimée avant les bœufs, car la défense d’un pays ne peut attendre, pour exister, de s’être désigné un adversaire préférentiel. Il lui suffit d’avoir à protéger quelque chose qui en vaille la peine et de le savoir. Et pourtant… Avant même cette fin d’année perturbante, l’objet des forces armées n’était plus tout à fait perçu comme un demi-siècle auparavant. La politique de défense de la France repose, pour ses grandes lignes, sur des énoncés trentenaires et il n’est pas outrecuidant de s’interroger sur leur pérennité. Dans le même temps, les règles techniques de mise en œuvre des forces armées ont changé ; leur environnement national, social ou technique s’est modifié. Les hommes et les modes de reconnaissance de leur valeur, enfin, ont évolué avec la société.
Guerre, conflits périphériques et crise
Depuis 1945, aucun conflit armé n’a éclaté en Europe, aucun non plus n’a opposé les forces conventionnelles de deux puissances nucléaires. Hormis les « guerres de libération », qui ont scellé la fin des empires coloniaux de l’Occident, tous les affrontements « périphériques », de la Corée aux Malouines en passant par la frontière sino-vietnamienne et le Chatt al-Arab, ont abouti à la restauration des situations antérieures. Il n’en a été ainsi que par l’action de forces armées.
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