À propos de la correspondance de janvier 1952 sur l'article en deux parties du colonel Bouvet, « Cadres de réserve et Défense nationale », publié en octobre et novembre 1951.
Correspondance - Périodes d'entraînement
Je remercie le camarade anonyme d’avoir bien voulu souligner l’intérêt qu’il porte à ma modeste contribution aux problèmes de Défense nationale et des Réserves et d’avoir précisé le débat par une mise au point réconfortante dont je me réjouis vivement. Bien que pénétré de l’avantage des convocations verticales dont j’ai quelque expérience, et bien qu’il soit peu modeste de citer à mon tour un exemple personnel, je signale cependant à mon correspondant inconnu m’être trouvé en 1939 dans une Division de série B, la 51e, que j’avais connue en 1938 au moment d’une convocation verticale.
Malgré cette dernière, qui avait eu lieu en août 1938 et avait duré 15 jours, malgré la longue période (septembre 1939 à mai 1940) de la « drôle de guerre », pendant laquelle nous avons travaillé durement côte à côte avec les mêmes soucis, je maintiens que la cohésion des diverses unités de cette division à 75 % de Réserves était loin d’être réalisée le 10 mai 1940 : l’expérience du premier combat l’a prouvé, comme me l’a prouvé, le 26 avril 1943, en Tunisie, au Djebel Semaa, l’expérience du premier combat de mon bataillon à 100 % de Réservistes, pourtant aguerri par quatre mois de djebels tunisiens.
Je félicite mon correspondant s’il a pu, en quelques journées seulement, réaliser cette cohésion. Mais je tiens à lui dire que la cohésion envisagée est aussi loin de la simple multiplication de contacts, certes profitables, mais temporaires, qu’il recommande, que le combat réel l’est de l’exercice de cadres sur la carte. Il faut, de longues semaines, des combats communs pour créer une cohésion totale et la maintenir.
Si je prends à nouveau l’expérience que j’ai des hommes et l’exemple d’une amicale régimentaire aussi cimentée que l’ont été les nôtres par les annales de guerre, la vie quotidienne et les besoins individuels de l’existence de chacun tendent aujourd’hui à rompre peu à peu cette cohésion, pourtant jadis presque parfaite. Je ne suis pas sûr qu’à un nouveau départ en groupe de ces mêmes hommes il ne faudrait pas à nouveau des délais importants, pour la réaliser complètement.
Dans un ordre d’idées plus terre à terre, je demande à mon camarade aux trois étoiles s’il est bien sûr qu’à la prochaine convocation verticale il retrouvera les mêmes personnages aux mêmes postes ? N’y aura-t-il pas eu des mutations, des changements d’affectation ?
Je prends, d’autre part, bonne note des nombreuses convocations verticales effectuées l’an dernier. Elles me semblent en effet pouvoir laisser augurer favorablement de la valeur et du nombre sans doute imposant de celles prévues pour cette année et les années suivantes. Je suis heureux d’avoir ainsi souligné indirectement le progrès de l’instruction de nos Réserves.