Politique et diplomatie - Actualité de l'Afrique
L’Afrique subsaharienne va-t-elle dans l’actualité disputer la vedette à l’Europe de l’Est ? Le fait est que chaque jour apporte son lot d’événements, sanglants ou non, qui manifestent le trouble profond dans lequel se débat un continent devenu, en une génération, celui où l’on dénombre le plus de conflits armés.
Les brusques flambées d’agitation n’épargnent pratiquement aucun pays, même ceux que l’on pouvait croire les plus stables, comme la Côte-d’Ivoire ou le Gabon où le début du décollage économique reléguait au second plan les aspirations à un partage plus équitable du pouvoir entre formations politiques, entre générations et entre ethnies. Surtout chez les jeunes, dans les villes et parmi les milieux cultivés, l’impatience ne cesse de croître devant le despotisme du chef et celui du parti unique, formules aussi usées là qu’ailleurs, dont les méfaits sont aggravés par la gabegie et par la dégradation des conditions de vie quotidienne. Sans doute les légitimes aspirations à plus d’égalité et à plus de liberté auraient-elles été insuffisantes pour mobiliser les foules et provoquer des troubles si les cures d’austérité imposées par la prolongation et l’approfondissement des crises n’avaient engendré dans toutes les couches de la population des réactions d’angoisse et de violence.
L’Afrique, sauf dans sa pointe méridionale, s’ancre en effet dans le sous-développement. Sur les trente et un pays dénombrés comme les plus pauvres de la planète, vingt-deux s’y trouvent. Tous les États y sont assujettis aux lois régissant le marché des matières premières, qui obéit à un mouvement de baisse dit séculaire, apparent notamment pour les produits agricoles tropicaux. Plus encore que les pays industrialisés, ils dépendent du prix de l’énergie. Rapportée au produit intérieur brut, la dette de l’Afrique est la plus élevée de tous les continents. En Afrique subsaharienne particulièrement, la dernière décennie se révèle catastrophique : d’après le Fonds monétaire international, le produit intérieur brut par tête d’habitant a baissé de 10 %, les recettes d’exportation de 40 %, les importations de 32 %, tandis que le paiement du service de la dette augmentait de 44 %. Dans plusieurs pays francophones, l’effondrement des cours du café et du cacao amplifiait le mouvement quand il ne le provoquait pas. Ainsi a volé en éclats la vitrine d’une décolonisation jusqu’alors réussie, celle de la Côte-d’Ivoire, où le taux de croissance annuel, qui longtemps dépassait 4 % l’an, est devenu négatif presque dans les mêmes proportions ; ainsi, au Gabon, l’insurrection n’a-t-elle été évitée que de justesse.
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