Introduction politique
Pourquoi une introduction politique à la dissuasion nucléaire française ? Je dirai : parce que la dissuasion nucléaire, comme chacun le sait, est d’une nature particulière ; c’est, si l’on veut, un hybride militaire-politique ; témoin le fait, d’abord, que l’outil militaire auquel elle s’adosse n’est pas voué à faire la guerre, mais à l’empêcher ; témoin aussi notre doctrine du faible au fort dont la substance même est que le fort n’est pas si fort qu’on pourrait le croire et le faible pas si faible qu’il ne paraît, preuve que dans cette nouvelle dialectique du risque et de l’enjeu, l’ingrédient militaire est loin d’épuiser à lui seul la matière ou le sujet.
Nous sommes donc là à l’interface de la stratégie et de la politique, ce qui à la fois explique cette introduction et me conduit tout de suite à faire, si vous le voulez bien, une remarque théorique propre à éclairer notre sujet.
La stratégie est fille de la politique : elle doit être vue au travers du prisme de cette dernière, et non l’inverse, ce qui infère notamment que la « menace » dont les militaires font toujours grand cas, puisqu’ils l’ont en charge, ne doit jamais faire oublier la prééminence du « projet politique » qui demeure, quant à lui, premier, sous peine de non-sens.
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