Politique et diplomatie - L'Europe à la recherche d'un ordre
Au cours de l’automne 1989, en quelques semaines, la division de l’Europe prend fin. Le glacis soviétique se décompose. Dans le sillage de cette débâcle, ce qui symbolise le partage du Vieux Continent se règle en moins d’un an : l’Allemagne retrouve son unité et sa souveraineté. L’Europe, objet privilégié des rapports Est-Ouest de la fin des années 40 aux années 80, se retrouve maîtresse de son avenir. Peut-être ne s’en rend-elle pas tout à fait compte…
L’histoire ne s’accélère jamais par hasard. Les bouleversements récents, s’ils n’ont pas été prévus, résultent de longues maturations. L’ordre établi à l’issue de la Seconde Guerre mondiale a toujours été provisoire, le problème allemand — « par excellence, le problème européen » (général de Gaulle, 4 février 1965) — étant comme mis par parenthèses. Depuis la fin des années 60, l’Ostpolitik [« politique vers l’Est »]* ouest-allemande, reconnaissant le statu quo et l’existence de deux États allemands, développe patiemment les liens avec la sœur ennemie, préservant ainsi la communauté nationale. L’Union soviétique, promouvant la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE), accepte l’échange (de marchandises, de personnes, d’images, d’idées) entre les deux Europes. Moscou s’aperçoit-il qu’il fait la plus redoutable des concessions, celle qui détruit tous les régimes autoritaires ? L’échange permet la comparaison et impose la compétition : le monde soviétique doit prouver qu’il est vraiment le meilleur… Durant l’été et l’automne 1989, les Allemands de l’Est, en fuyant vers l’Ouest, apportent une réponse sans équivoque.
Aujourd’hui, l’Europe sort d’une parenthèse de 45 ans. La période actuelle a quelque chose d’un après-guerre : il s’agit de bâtir un ordre paneuropéen. Jusqu’à présent l’Europe a fait l’expérience de trois formules :
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