Depuis les événements du printemps de Pékin, sont apparues des évolutions dans les relations extérieures de la Chine. En particulier, comment se présentent celles avec les États du Sud-Est asiatique ?
Chine et Asie du Sud-Est : quelles relations depuis un certain printemps ?
Le 24 septembre 1990 le général Vo Nguyen Giap était reçu par le Premier ministre chinois Li Peng ; quelques jours auparavant il avait emprunté, en compagnie d’une délégation d’athlètes vietnamiens invités à Pékin, la « porte de l’amitié », fermée depuis 1978. En marge des cérémonies d’ouverture des jeux asiatiques une série d’entretiens était prévue avec Han Nianlong, spécialiste des questions indochinoises (1). Une page semble ainsi en passe d’être tournée dans l’histoire mouvementée des relations sino-vietnamiennes, et l’amorce de rapprochement à laquelle nous assistons aujourd’hui, déterminée par les bouleversements qui ont secoué le monde communiste, ne pourra manquer d’influencer le règlement du problème cambodgien, qui constitue un volet essentiel de la politique asiatique de la Chine, un autre aspect de cette politique étant constitué par les efforts accomplis par Pékin en vue du retour à la mère patrie de Hong Kong puis de Taiwan.
Nouvel environnement international et évolution de la politique étrangère chinoise
Au cours des années 80, la politique étrangère de la Chine avait suivi la voie de l’ouverture, en accord avec la priorité accordée aux réformes économiques et au développement, depuis le retour au pouvoir de Deng Xiaoping en 1978. Dans l’ordre des objectifs stratégiques, si la sécurité venait toujours en premier, elle était immédiatement suivie par les nécessités du développement économique, les critères idéologiques n’arrivant qu’en troisième position (2). L’URSS et les États-Unis étaient perçus comme de puissance équivalente et la Chine jouait de sa position de pivot afin de conserver une marge de manœuvre sans rapport avec son poids réel.
Dans ce contexte, le sommet sino-soviétique du 15 mai 1989 avait pu apparaître comme le couronnement d’une politique d’ouverture progressivement rééquilibrée avec succès en direction de Moscou et des pays de l’Est en pleine mutation. Enfin, conséquence du rapprochement sino-soviétique, Pékin espérait que Moscou exercerait des pressions suffisantes sur Hanoi pour faciliter le règlement de la question cambodgienne dans un sens plus conforme aux positions chinoises (3). Au cours d’une conférence de presse accordée avant la venue à Pékin de Mikhaïl Gorbatchev, le ministre chinois des Affaires étrangères affirmait que l’URSS était en mesure d’exercer des pressions sur le gouvernement vietnamien pour obtenir un retrait complet de ses troupes du Cambodge (4).
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