Libre opinion - Le désordre stratégique
Les stratèges sont de bons professionnels. À peine remis du traumatisme qu’avait créé chez eux la disparition du « grand ennemi », ils s’en sont trouvé d’autres, de moindre taille mais nombreux, et leur diversité, le flou de leurs contours, font regretter l’ordre binaire. La multiplicité malcommode des menaces nouvelles peut pourtant se regrouper sous un vocable unique le désordre.
Mais s’agit-il du désordre stratégique, désordre dans la stratégie qui pourrait annoncer, au grand dam du stratège mais à la satisfaction du pacifique, la fin de la stratégie ?, ou du désordre comme ennemi du stratège, lequel n’aura de cesse qu’il l’ait fait disparaître, restaurant l’ordre maniable ? Vraie question, donc sans réponse c’est le désordre, vous disais-je !
Le désordre nucléaire
L’équilibre nucléaire était ordre parfait : deux, et la bombe. Sans doute une stratégie aussi simpliste et définitive n’était-elle pas de nature à contenter l’homme de l’art. L’existence d’un adversaire borné le remit au travail. Il lui fallut, folâtrant dans le virtuel, imaginer de plus subtiles manœuvres. Mais corps de bataille, armes tactiques ou préstratégiques, riposte graduée, euromissiles, n’étaient que faire-valoir destinés à rendre perceptible et irrémédiable la simplicité fondatrice, laquelle s’est finalement imposée.
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