L'auteur, agrégé en histoire et spécialiste des questions de défense, a écrit, en février 1991, un long article sur la désintégration du Pacte de Varsovie. Il développe cette fois-ci un thème à l'ordre du jour : la constitution de forces multinationales aptes à intervenir rapidement en et hors zone Otan en cas de crise soudaine.
Les forces multinationales
Suggérée par les Allemands lors d’une réunion de l’Otan en 1989, l’idée d’une mise en forme d’unités multinationales légères devait pouvoir répondre de manière appropriée à la disparition du front et à la réduction des forces dans la vieille Europe. Par la suite, le principe de l’élaboration de telles unités destinées à stationner dans les pays de l’Otan ou à même de se déplacer rapidement vers les zones de tension depuis leurs bases de départ nationales, fut repris par le secrétaire général de l’Union de l’Europe occidentale, Willem Van Eekelen.
Ainsi, le concept commença à être sérieusement intégré dans les préoccupations des responsables politico-militaires, que ce soit au niveau des États, à l’Otan (déclaration de Londres de juin 1990), au Shape ou à l’UEO avec le récent rapport parlementaire sur la question du Golfe des députés Armand De Decker et Jaap de Hoop-Scheffer, de même qu’à la Commission européenne lors du discours de M. Jacques Delors à l’IISS le 7 mars dernier (1), qui envisageait la création d’une force multilatérale européenne d’intervention rapide. En février dernier, M. Van Eekelen proposait même la création d’unités européennes qui pourraient être déployées hors zone et en Europe de l’Est, et d’unités américano-européennes pour la zone Otan.
Cet intérêt renouvelé pour les forces multinationales et de réaction rapide devait être la résultante des changements géopolitiques majeurs survenus depuis la nouvelle détente Est-Ouest. Le retrait programmé de l’armée rouge d’Europe, la signature du traité FCE sur la stabilité conventionnelle en Europe et la disparition de la dimension militaire puis politique du Pacte de Varsovie, sont, en effet, en voie de bouleverser le paysage militaire et géostratégique en Europe, de l’Atlantique à l’Oural, tout comme le retrait partiel d’effectifs militaires américains et l’abandon d’un certain nombre de dépôts Pomcus.
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