L’auteur, ancien ambassadeur de France en Afrique du Sud, détaille les principales avancées opérées par le président de Klerk vers l’abolition de l’apartheid et l’instauration de nouvelles institutions, travail de longue haleine dans un contexte très troublé.
Politique intérieure : vers l'abolition de l'apartheid
Je voudrais rapporter très simplement les impressions que j’ai retirées de mon séjour en Afrique du Sud — séjour qui a duré de mars 1988 à janvier 1991 — au cours duquel se sont produits les événements très importants que vous savez. Ceux-ci ne représentent certes que le début d’un processus qui connaîtra encore bien des difficultés et dont il serait imprudent de prévoir le dénouement. Il reste que l’évolution de ce pays est certainement irréversible.
Afin d’illustrer le climat de nos relations avec l’Afrique du Sud lorsque j’ai rejoint mon poste, je me permettrai de mentionner une anecdote. Je suis arrivé au Cap en mars 1988 mais la veille de mon départ, le Quai d’Orsay, venant d’apprendre que les six condamnés de Sharpeville devaient être pendus le lendemain, me demandait de différer mon voyage ; ce contrordre était annulé quelques heures plus tard ; le président Botha, cédant devant l’opinion mondiale, avait suspendu l’exécution. Je suis donc entré en fonction dans des circonstances dramatiques et dans une atmosphère extrêmement tendue ; à tel point que pendant quelques semaines je me suis demandé s’il était utile de maintenir nos relations au niveau d’ambassadeur. Ne devions-nous pas en effet accentuer l’isolement de la république d’Afrique du Sud ?
Puis les choses ont bougé, et tout d’abord du côté de la Namibie. En mai 1988, des négociations s’ouvraient qui devaient aboutir au retrait des troupes cubaines d’Angola et à l’application de la résolution 435 du Conseil de sécurité relative à l’indépendance de la Namibie. Venait de prendre fin en effet, avec l’avènement de M. Gorbatchev, la rivalité entre les États-Unis et l’Union Soviétique qui divisait le monde. L’URSS avait décidé de mettre un terme aux conflits régionaux qu’elle alimentait depuis de nombreuses années. C’est cette nouvelle politique qui a convaincu l’Afrique du Sud de s’engager dans le processus élaboré par l’Onu et le groupe des Cinq : premier pas important, car il préludait à des changements beaucoup plus importants encore.
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