Chargé de la stratégie des industries de la défense et de l’espace à l’Observatoire des stratégies industrielles du ministère de l’Industrie, l'auteur avait publié en juillet une étude sur les industries de défense au début du IIIe millénaire. Ici, il nous livre ses réflexions sur le transport spatial, ce qu’il sera dans les années 2000-2010, et sur les efforts que devront faire la France et l’Europe pour être compétitives dans un marché en pleine expansion.
Les lanceurs spatiaux : ombres chinoises sur Ariane ?
Le transport spatial représente aujourd’hui la maîtrise d’un système technique et industriel complexe, et un marché international concurrentiel. L’Europe est parvenue avec peu de moyens (les dépenses spatiales européennes sont de l’ordre du dixième de celles des Américains) à développer un système technique de transport spatial (infrastructures de lancement, lanceurs) qui lui assure, depuis le milieu des années 80, la première place sur le marché des lancements commerciaux (estimé entre 0,8 et 1,2 milliard de dollars), dont sa part varie entre 50 % et 75 %, pour une offre que la politique spatiale et celle de transfert de technologies des États-Unis ont contribué à limiter, jusqu’à une date récente, à deux opérateurs aux possibilités et à la vocation très inégales.
La position dominante du consortium européen sur le marché du transport spatial est en fait fragile. L’émergence d’autres puissances spatiales (la Chine aujourd’hui, les NPI (1) bientôt), et d’un nouveau système technique de transport spatial (aux États-Unis, au Japon), limitera rapidement le rôle de l’Europe dans ce domaine, si elle ne double pas (au moins) son effort.
Les lanceurs spatiaux des années 90 : vers un marché d’acheteurs
L’évolution de la politique spatiale des États-Unis à la fin des années 80, l’ouverture du transport spatial commercial à la Chine et (très probablement) à l’Union Soviétique au début des années 90, et l’aboutissement du programme technologique spatial du Japon à partir du milieu des années 90, doivent transformer rapidement le marché des lancements, le rapport de la demande à l’offre de lanceurs pouvant être de 1/2 dès le milieu de la décennie.
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