Politique et diplomatie - Le conflit israélo-arabe : la paix sera révolutionnaire ou ne sera pas
Le 30 octobre 1991, s’ouvrait à Madrid la Conférence de la paix sur le Proche-Orient. Cette rencontre était d’abord le fruit de l’obstination des États-Unis et surtout d’un homme, James Baker. L’histoire est pleine de continuités. Comme pour Henry Kissinger dans les années 1973-1975, puis pour Jimmy Carter dans les années 1978-1979, le conflit israélo-arabe demeure ce test décisif, par lequel l’Administration américaine en place prouvera ou ne prouvera pas sa capacité à faire la paix.
Les raisons de tant d’énergie dépensée sont claires. Le nouvel ordre mondial, esquissé par George Bush en 1990, devient une ébauche de plus en plus floue, un projet de plus en plus insaisissable ; l’Europe, qui devrait être le terrain privilégié de ce nouvel ordre, illustre au contraire les contradictions majeures de la fin du siècle, les tiraillements entre une intégration économique, source d’inégalités, et l’explosion des revendications identitaires.
Dans le golfe Arabo-Persique, la guerre contre Saddam Hussein devait être la première concrétisation du grand dessein américain ; un an après les combats, rien n’est réglé. L’Irak est enchaîné comme une bête féroce. Quelles traces laissera cette mise sous tutelle ? La population, qui souffre, n’aura-t-elle pas la même réaction que tous les pestiférés de la Terre : guetter le moment de la revanche ? De même, la vision d’un Iran se normalisant après la révolution khomeyniste, rejoignant les circuits internationaux, ne se révélera-t-elle pas une illusion ? Le règlement des problèmes du Golfe exigeait au moins que l’ensemble des dirigeants de la zone réfléchissent sur l’affaire du Koweït, s’interrogent sur la solidarité entre riches et pauvres et envisagent de profondes réformes. Pour le moment, c’est l’attente, mais il est certain que les affrontements resurgiront.
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