La logistique interalliée de 1914 à 1918 (I)
Si les Alliés, comme c’est le cas parmi les membres d’une même famille, n’hésitaient pas à mettre leur sang en commun, ils apportaient moins d’empressement à partager leurs ressources de toute nature.
Général C. Payot (1).
Le déclenchement soudain de la guerre de 1914 trouva la triple entente sans un plan de guerre complet. En particulier, les prévisions logistiques interalliées semblent avoir été assez sommaires, que ce soit sur le plan de cette logistique supérieure, qui s’apparente si étroitement à l’économie de guerre, ou sur le plan de la logistique militaire proprement dite, qui se lie à la stratégie et à la tactique. Chaque pays avait plus ou moins prévu les acquisitions et les productions nécessaires. Chaque armée et chaque marine mettait sur pied ses services, organisait ses ravitaillements et ses transports et l’on peut dire que chaque nation s’apprêtait à assurer le soutien logistique de ses forces sans se soucier des autres.
Pouvait-il en être autrement alors que la France et la Russie, liées par une alliance solide, étaient séparées par le bloc austro-allemand, que le concours militaire britannique n’avait pas fait de prévisions détaillées et que l’entrée en guerre de la Serbie et de la Belgique n’avait pu faire l’objet d’aucune étude et même d’aucun entretien. Sans doute l’entrée en campagne du Corps expéditionnaire britannique avait été étudiée et le débarquement de ce corps en France avait fait l’objet de prévisions suffisamment poussées, mais les instructions données au maréchal French étaient formelles lorsqu’elles déclaraient qu’il ne serait en aucun cas subordonné à un commandant allié.
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