Les leçons du front russe
L’étude des campagnes menées par les Allemands contre les Russes de 1941 à 1945 est particulièrement instructive. Les conditions dans lesquelles elles furent menées préfigurent celles que nous aurons peut-être un jour à connaître : c’est le même adversaire qu’il s’agira de combattre avec la même infériorité des effectifs, que ne compensera pas toujours la supériorité du matériel. Cette étude peut donc fournir de précieux éléments de réponse à nombre de questions actuellement débattues :
— Pourrait-on, en cas de guerre, se passer d’un front occidental ?
— Existe-t-il une tactique permettant de la défendre économiquement ?
— Est-il encore opportun d’appuyer la défense aux rives de grands fleuves ?
— Quels services pourrait-on attendre des places fortes ?
— Quel type de division convient le mieux au combat sur les positions défensives ?
— Combien faut-il de ces grandes unités pour assurer la défense de l’Europe ?
L’inéluctable front
À aucun moment de la guerre de Russie, les Allemands n’ont pu se passer de fronts, c’est-à-dire de systèmes défensifs continus destinés à assurer la sécurité de leurs arrières et la liberté d’action de leurs troupes de manœuvre. Il leur a fallu des fronts le long des « doigts de gants » créés par les armées blindées se ruant sur Moscou ou sur Stalingrad. Il leur en a fallu pour contenir les armées ennemies encerclées, pour protéger leurs quartiers d’hiver, pour couvrir la préparation de leurs dernières offensives, pour entourer d’un cordon sanitaire les zones de refuge des partisans, pour essayer de sauver leurs armées enfermées dans les « Kessel », de Stalingrad et de Tcherkassy, pour endiguer la marée russe menaçant le territoire du Reich, pour défendre les places fortes isolées chargées d’en briser le flot et pour ceinturer les têtes de pont qu’ils se sont efforcés de conserver le long de la Baltique lorsque le gros de leurs troupes a dû se replier sur l’Allemagne. Partout le front mangeur d’hommes s’est imposé à eux et c’est pour ne pas être parvenus à l’alimenter suffisamment qu’ils ont finalement connu la défaite.
Il reste 89 % de l'article à lire
Plan de l'article