L'auteur, historien et spécialiste des questions de sécurité et défense, avait, en 1991, traité de la désintégration du Pacte de Varsovie et de la constitution de forces multinationales. Cette fois-ci, il étudie la création du Conseil de coopération nord-atlantique (CCNA), qu’il perçoit comme une initiative américaine de légitimation de l’Otan. Il saisit cette occasion pour souligner à nouveau la nécessité pour l’Europe de définir une politique commune de défense.
Le Conseil de coopération nord-atlantique (CCNA)
Depuis deux ans, les bouleversements en Europe centrale et orientale et la désintégration du communisme ont créé un « vide de sécurité » de plus en plus ressenti par les pays d’Europe centrale. Déjà, la dissolution de l’organisation militaire puis politique du Pacte de Varsovie avait entraîné une redéfinition des doctrines militaires et des postures de défense dans chacun des anciens pays signataires du traité multilatéral. Pour des raisons politiques, économiques, militaires, et sachant prématurée l’entrée des pays d’Europe centrale et orientale dans l’Otan, leurs dirigeants ont commencé à conclure de nouveaux traités multilatéraux et bilatéraux sur la sécurité.
Le 15 février 1991, les présidents, accompagnés des Premiers ministres et ministres des Affaires étrangères de Hongrie, Tchécoslovaquie et Pologne, ont signé à Visegrad (Hongrie) un accord de coopération politique et économique qui prévoit, entre autres, une consultation sur ces questions de sécurité. Les trois pays ont, par la suite, conclu entre eux des accords bilatéraux de coopération militaire sur le contrôle de l’espace aérien, la production et l’acquisition de matériels ainsi que sur l’entraînement. Suite à la réunion trilatérale du 7 mars dernier, ils se trouvent devant un dilemme : ou bien ils établissent un système de sécurité propre à chaque pays, ce qui pourrait conduire à leur isolement militaire, ou bien ils forment un système trilatéral susceptible de s’intégrer à terme à celui des Européens de l’Ouest.
Le « triangle » de Visegrad n’est pas conçu par ses promoteurs comme une structure de sécurité rivale de l’Otan — elle pourrait d’ailleurs s’intégrer à un stade ultérieur dans une organisation de défense européenne —, mais plutôt comme une manière minimale de coopérer afin d’acquérir des armées nationales modernes aptes à s’entraîner et à diversifier leurs sources d’approvisionnement en matériels.
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