Missions et engagement des forces françaises
Pendant les décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, la politique expansionniste de l’Union Soviétique et l’existence du Pacte de Varsovie ont défini la mission principale des armées françaises, leur organisation et présidé à la conception de leurs équipements.
Sans doute, dans le même temps, d’autres missions leur ont été confiées : les guerres d’Indochine et d’Algérie, les multiples interventions en Afrique, les nombreux détachements au sein de forces multinationales, ont constitué des engagements plus ou moins importants des forces françaises ailleurs que sur le théâtre Centre-Europe. Cependant, même lorsque l’enjeu de ces engagements était considérable, la menace perçue comme la plus dangereuse, sinon la plus probable, était celle s’exerçant sur le territoire français, venant de l’Est : c’est elle qui a été prise en compte pour façonner l’outil de défense de la France, c’est-à-dire ses armées, leurs structures et leurs armements. Notre appartenance à l’Alliance atlantique et notre volonté d’autonomie ont conduit aux missions de nos forces et aux moyens dont elles ont été progressivement dotées : armements conventionnels développés pour pouvoir affronter qualitativement les forces du Pacte ; armements nucléaires capables de franchir les défenses soviétiques et rendus peu vulnérables, voire invulnérables, à une première frappe de l’URSS.
Le nouveau contexte stratégique
L’effondrement de l’Union Soviétique, puis son éclatement, suivant de peu la disparition du Pacte de Varsovie, ont complètement modifié ce contexte. À la perception d’une menace militaire précise, pouvant se concrétiser en des délais qui se chiffraient en jours, et qui n’évoluait qu’en fonction des perfectionnements techniques qui lui étaient apportés, au demeurant à un rythme élevé, a succédé une grande incertitude sur les conséquences stratégiques de bouleversements politiques qui sont loin, sans doute, d’être arrivés à leur terme. Après un monde bipolaire et relativement stable, tout au moins en Europe, s’est établi un monde multipolaire et non stabilisé, où de nouveaux acteurs, à la tête de pays nouvellement indépendants, sont en proie à des difficultés politiques et économiques qu’ils ne pourront pas surmonter à brève échéance, ni même peut-être à moyen terme.
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