Hommage au général Jean Richard
Le général Richard, qui fut directeur de cette revue de 1983 à 1989, nous a quittés le 27 septembre dernier au terme d'une maladie contre laquelle, nous le savions, il luttait avec autant de courage que de discrétion. Sa vie fut comme le parcours des grandes étapes de notre histoire contemporaine : le parcours commun des officiers français de sa génération. La guerre de 1939-1945, l'Indochine, l'Algérie, en furent les plus rudes étapes : il n'a voulu se dérober à aucune d'entre elles et c'est par elles qu'il est passé pour accéder aux grands commandements, dans lesquels il apporta sa contribution à l'entreprise de modernisation radicale des armées françaises qui marqua la période suivant les guerres d'outre-mer, jusqu'au poste d'inspecteur général de l'Armée de terre qu'il occupa à la fin de sa carrière.
C'est alors qu'il fut choisi comme président du Comité d'études de défense nationale et directeur de cette revue. Il allait pouvoir lui apporter l'incomparable expérience qu'il avait eue des conflits contemporains, de la vie de nos armées, des relations complexes et indissolubles entre la société civile et la société militaire. Après les grands commandements qu'il avait exercés, il jugea que la tâche qu'il pourrait accomplir dans ses nouvelles fonctions s'inscrirait, au fond presque naturellement, dans le parcours d'une vie consacrée tout entière à la défense nationale, au sens le plus large et le plus profond que cette expression peut avoir. Ceux qui ont alors travaillé avec lui, ceux qui, à sa demande, lui ont apporté leur concours − comme ce fut mon cas à plusieurs reprises −, et ceux qui, tout simplement, ont connu et lu cette revue pendant qu'il en avait la responsabilité, mesurent aujourd'hui l'honneur qu'il lui faisait de lui consacrer six années entières de sa vie.
Que sa famille et ses amis soient ici assurés que nous resterons fidèles à son souvenir et à son exemple. ♦