Novembre 1992 - n° 536

Le général Richard, qui fut directeur de cette revue de 1983 à 1989, nous a quittés le 27 septembre dernier au terme d'une maladie contre laquelle, nous le savions, il luttait avec autant de courage que de discrétion. Sa vie fut comme le parcours des grandes étapes de notre histoire contemporaine : le parcours commun des officiers français de sa génération. La guerre de 1939-1945, l'Indochine, l'Algérie, en furent les plus rudes étapes : il n'a voulu se dérober à aucune d'entre elles et c'est par elles qu'il est passé pour accéder aux grands commandements, dans lesquels il apporta sa contribution à l'entreprise de modernisation radicale des armées françaises qui marqua la période suivant les guerres d'outre-mer, jusqu'au poste d'inspecteur général de l'Armée de terre qu'il occupa à la fin de sa carrière. Lire la suite

  p. 9-10

Discours du Premier ministre devant les auditeurs de l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) le 3 septembre 1992. Lire la suite

  p. 11-25

Désarmement

  p. 27-43
  p. 45-61

L’euphorie de 1989 a vite laissé la place au désenchantement, voire à l’inquiétude. La dernière étape de la négociation sur les armes stratégiques, qui se déroule au printemps 1991, ne laisse pas, en effet de troubler les observateurs occidentaux confrontés à une reprise en main qui se fait de jour en jour plus visible en URSS et à un essoufflement réel des délégations après près de dix ans de travail ; mais, finalement, le traité Start est signé le 31 juillet 1991 à Moscou. Lire les premières lignes

  p. 63-77
  p. 79-88

Repères - Opinions - Débats

D'apparence très différente, le monde de l'entreprise et le monde militaire ont toujours entretenu des rapports mutuels, étroits ou lâches selon les circonstances. Sous l'influence de l'école américaine à partir des années 1960, puis sous la bannière du renouveau du service public, les relations en France se sont intensifiées, la connaissance réciproque s'est approfondie, des similitudes sont apparues et des différences sans doute irréductibles se sont manifestées. Qu'en est-il actuellement ? Après avoir dirigé la mission de modernisation de la gestion des armées, l'auteur, contrôleur général des armées ayant vécu près de dix-huit mois au sein d'un groupe industriel nationalisé comme auditeur général auprès du président, nous fait part de son expérience concrète, et livre aux dossiers des gestions publique et privée une synthèse remarquable, basée sur ses observations quotidiennes.

  p. 93-104
  p. 105-112

À l’occasion de notre colloque sur la Moyenne-Asie – dont les actes ont été publiés dans notre numéro d’octobre –, l’ambassadeur Éric Rouleau avait insisté sur l’importance des pays turcophones dans cette région. Dans l’article ci-dessous, l’auteure, spécialiste des questions méditerranéennes et proche-orientales, présente une synthèse très complète de la géostratégie tous azimuts pratiquée par la Turquie, dont la situation se prête particulièrement à de multiples actions nécessitant une habile diplomatie. Lire les premières lignes

  p. 113-126

En 1991, l'auteur, docteur en sciences politiques, nous avait présenté une synthèse très complète de révolution des relations américano-soviétiques au Proche-Orient au lendemain de la guerre du Golfe. L'URSS a disparu de la scène internationale : les États-Unis restent la seule superpuissance ; un nouvel ordre mondial se met en place, aussi inquiétant que le précédent, et pourtant les démocraties désarment ! Notre auteur se demande ce que va devenir le « monde arabe », mais malgré une analyse fine des divers éléments de la situation, il ne peut formuler que des hypothèses.

  p. 127-141

L'auteur s'est rendu à plusieurs reprises à Madagascar, notamment avant 1975 où il y a découvert un pays relativement riche, et après 1987, où il y a vu un État exsangue. Spécialiste de l'Afrique australe et de l'océan Indien, il nous livre ici un dossier qui met en relief les difficultés énormes auxquelles est confrontée la Grande île. Cette étude approfondie revêt un intérêt particulier en raison des récents bouleversements du paysage politique local et des nouvelles relations qui se forgent aujourd'hui entre Paris et Antananarivo.

  p. 143-153

Les élections aux Philippines, et particulièrement la succession à la présidence de Mme Corazon Aquino, nous intéressaient au plus haut point : ce pays allait-il, malgré les énormes difficultés, poursuivre son évolution démocratique, ou bien retomber dans les errements passés ? Six mois après ces élections, voici une étude d'une spécialiste du Sud-Est asiatique qui répond à nos questions tout en estimant que la tâche du nouveau président sera lourde et de longue haleine.

  p. 155-166

Chroniques

  p. 167-172
  p. 173-181
  p. 182-185

Bouleversement de l’environnement stratégique mondial et volonté de percevoir « les dividendes de la paix » se conjuguent dans les armées occidentales pour revoir à la baisse les budgets de défense et pratiquer des coupes plus ou moins sévères dans les effectifs militaires. Lire la suite

  p. 186-188
  p. 189-195

Le développement de l’interopérabilité des forces, objectif premier de la coopération européenne, est plus que jamais une nécessité qui s’inscrit aussi bien dans la perspective d’une construction européenne que dans celle d’une action conjointe des Alliés en Europe ou hors d’Europe. Lire la suite

  p. 196-197

La Marine, comme toute entreprise, est persuadée que la première condition du succès est de pouvoir disposer d’une ressource humaine de qualité. Par un effort constant, elle aménage les conditions de recrutement, les actions de formation et les règles de gestion, pour que les marins présentent la meilleure aptitude à l’accomplissement des missions qui leur sont confiées. Une certaine accélération des évolutions techniques et sociales a incité l’état-major à prendre d’importantes résolutions relatives à son personnel ; elles ont été publiées le mois dernier. Cette chronique n’a pas l’ambition d’en rapporter tous les détails, dont les intéressés ont eux-mêmes été informés par une ample action de communication interne ; mais puisque les orientations prises font apparaître une idée directrice visiblement inspirée d’efficacité et de sagesse, c’est la perspective que je souhaiterais esquisser par le rapide énoncé de six thèmes choisis. Lire les premières lignes

  p. 198-201
  p. 202-205
  p. 206-210

* La défense est au cœur de la souveraineté des États. Il n’est pas vrai, quoi qu’on ait pu entendre ici ou là, que le Traité de Maëstricht, introduisant la sécurité dans les ambitions européennes, remet en cause la souveraineté des États-membres… La France tient à préserver le caractère spécifique de l’Alliance atlantique. L’essentiel, à ses yeux, la légitimité de cette Association transatlantique, est d’établir un lien permanent entre la sécurité de l’Amérique du Nord et celle de l’Europe. Lire la suite

  p. 211-211

Bibliographie

Maxime Lefebvre et Dan Rottenberg : La genèse du nouvel ordre mondial  ; Éditions Ellipses, 1992 ; 303 pages - Pierre Morisot

Le lecteur est inévitablement quelque peu sceptique, voire réticent, en ouvrant le énième livre de la saison relatant l’éclatement de l’URSS et les malheurs du Tiers-Monde. Le titre ronflant et le découpage en trois parties en usage rue Saint-Guillaume font craindre le pire. Disons d’emblée que cette injuste prévention tombe dès le premier chapitre, pour faire place à de l’admiration devant la qualité de l’œuvre accomplie, et à de la sympathie pour les auteurs. Lire la suite

  p. 212-212

Rémi Baudoui : Raoul Dautry, le technocrate de la République  ; Éditions Balland, 1992 ; 396 pages - Pierre Morisot

Après l’époque des pionniers, les frères Pereire, Talabot, Freycinet… l’histoire des chemins de fer français est dominée par deux grands noms : Raoul Dautry et son cadet Louis Armand. C’est au premier que Rémi Baudouï consacre une intéressante et instructive biographie. Lire la suite

  p. 213-214

Michael Glover : An Improvised War  ; Hippocrene Books, 1987 ; 201 pages - Henri Labrousse

Il existe sur la libération de l’Éthiopie par les Britanniques en 1941 une abondante bibliographie, et les ouvrages classiques de Playfair font autorité ; mais Michael Glover, historien militaire britannique, est allé plus loin que les interprétations officielles, et a cherché les raisons profondes de la défaite italienne qui, souvent, pour des buts de propagande, ont été sommairement évoquées et analysées. Lire la suite

  p. 214-215

Dominique Shnapper : La France de l’intégration, sociologie de la nation en 1990  ; Éditions Gallimard, 1991 ; 363 pages - Olivier Sevaistre

Dans une interview publiée dans La Croix, l’événement des 10 et 11 mai 1992, Mme Dominique Schnapper prend une position très nette sur certains phénomènes à l’Est : « L’ethnie n’est pas la nation… L’idée de communauté, ethnique ne conduit pas nécessairement à une communauté politique ». Elle pose également le problème : comment combiner vie économique commune aux pays européens et maintien d’une culture, d’une tradition, d’un attachement historique au niveau national ? Tout cela donne fort envie de lire son livre. On n’est pas déçu par cet ouvrage sans passion apparente Lire la suite

  p. 215-216

Jean Chesneaux et Nic Maclellan : La France dans le Pacifique : de Bougainville à Mururoa  ; Éditions la Découverte, 1992 ; 240 pages - Eugène Berg

Les immenses étendues du Pacifique Sud ont toujours tenu une place de choix dans les ambitions mondiales de la France. Des mythes philosophiques du XVIIIe siècle, où se mêlèrent confusément utopie, rêve d’harmonie, exotisme et érotisme, aux mirages tahitiens du XXe siècle qu’illustrèrent des noms comme ceux de Gauguin et de Loti, comment des écrivains, artistes et penseurs français ont-ils pu inscrire avec une telle force le Pacifique dans l’imaginaire collectif des Français ? Peut-être est-ce en grande partie parce que le sud de cet océan et bien l’extrême « ailleurs » de l’Europe, le lieu de l’éloignement maximal, qui ne cessa d’incarner « le bout du monde ». Impression d’éloignement, d’altérité renforcée par l’état d’extrême dispersion, d’émiettement, presque infini que représentent les peuples du Pacifique où les quelque sept cents langues de Nouvelle-Guinée le disputent aux vingt-huit langues kanakes de Nouvelle-Calédonie. Tout ou presque dans le Pacifique diffère de l’Europe. L’opposition classique entre préhistoire et histoire n’a guère de sens, disent Jean Chesneaux et Nie MacLellan, son coauteur australien. Le corail des atolls est-il plante, roche ou bête ? C’est bien parce que les sociétés polynésiennes étaient fortement intégrées qu’elles s’écroulèrent d’un seul coup quand leurs monarchies capitulèrent devant la France. Lire la suite

  p. 216-217

Les Slaves sont, parmi les populations européennes, les plus tard venues. Alors que la plupart des ethnies composant l’Europe ont émergé vers -3000/2500, les Slaves n’ont fait leur apparition qu’à partir des IIe-IVe siècles de notre ère. Lire la suite

  p. 218-218

Revue Défense Nationale - Novembre 1992 - n° 536

Revue Défense Nationale - Novembre 1992 - n° 536

Le général Richard, qui fut directeur de cette revue de 1983 à 1989, nous a quittés le 27 septembre dernier au terme d'une maladie contre laquelle, nous le savions, il luttait avec autant de courage que de discrétion. Sa vie fut comme le parcours des grandes étapes de notre histoire contemporaine : le parcours commun des officiers français de sa génération. La guerre de 1939-1945, l'Indochine, l'Algérie, en furent les plus rudes étapes : il n'a voulu se dérober à aucune d'entre elles et c'est par elles qu'il est passé pour accéder aux grands commandements, dans lesquels il apporta sa contribution à l'entreprise de modernisation radicale des armées françaises qui marqua la période suivant les guerres d'outre-mer, jusqu'au poste d'inspecteur général de l'Armée de terre qu'il occupa à la fin de sa carrière.

C'est alors qu'il fut choisi comme président du Comité d'études de défense nationale et directeur de cette revue. Il allait pouvoir lui apporter l'incomparable expérience qu'il avait eue des conflits contemporains, de la vie de nos armées, des relations complexes et indissolubles entre la société civile et la société militaire. Après les grands commandements qu'il avait exercés, il jugea que la tâche qu'il pourrait accomplir dans ses nouvelles fonctions s'inscrirait, au fond presque naturellement, dans le parcours d'une vie consacrée tout entière à la défense nationale, au sens le plus large et le plus profond que cette expression peut avoir. Ceux qui ont alors travaillé avec lui, ceux qui, à sa demande, lui ont apporté leur concours − comme ce fut mon cas à plusieurs reprises −, et ceux qui, tout simplement, ont connu et lu cette revue pendant qu'il en avait la responsabilité, mesurent aujourd'hui l'honneur qu'il lui faisait de lui consacrer six années entières de sa vie.

Que sa famille et ses amis soient ici assurés que nous resterons fidèles à son souvenir et à son exemple. ♦

Paul-Marie La Gorce (de)

Revue Défense Nationale - Novembre 1992 - n° 536

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