Un mois avant l’invasion irakienne du Koweït, un excellent article de l'auteur nous montrait ce pays sur la voie de la démocratisation. Cette fois-ci, il évoque la situation au Yémen deux ans après sa réunification : nombreuses difficultés, politiques certes, mais surtout économiques et sociales. Nous sommes heureux de publier ce texte à un moment où les regards se portent ailleurs, alors que des manifestations sanglantes au Yémen ne font l’objet que de simples entrefilets dans la plupart de nos journaux.
Le Yémen entre démocratisation et guerre civile
La crise sociale qui a éclaté dans les principales villes du Yémen à la mi-décembre est peut-être le plus grave défi auquel ait été confronté le gouvernement de coalition qui dirige le pays depuis l’unification des deux Yémens en mai 1990 : deux ans d’unité marqués par une ouverture démocratique sans précédent dans les deux parties, mais aussi par de vives tensions politiques, ainsi que par des rapports détestables avec l’Arabie Saoudite.
L’unité deux ans après
Pendant plus de vingt ans, la République arabe du Yémen (Nord) et la République démocratique et populaire du Yémen (Sud) se sont opposées et parfois fait la guerre (comme en 1979) tout en entretenant la subversion chez le voisin. Lorsqu’en novembre 1989, les dirigeants des deux pays annoncent que le Yémen sera réunifié dans un délai d’un an, le scepticisme est de mise chez la plupart des observateurs ; mais en mai 1990, six mois avant l’échéance, les deux Parlements ratifient l’unité yéménite. Certains chefs tribaux et islamistes du Nord, tout en approuvant l’unification dans son principe, dénoncent vivement le projet d’associer au pouvoir des « communistes athées » qui autorisent la consommation d’alcool et prônent la libération de la femme.
La période transitoire
Le compromis constitutionnel prévoit une période transitoire de deux ans et demi devant expirer le 22 novembre 1992, au terme de laquelle des élections libres, démocratiques et pluripartites devront avoir été tenues pour désigner un nouveau Parlement. Les détenus politiques doivent être aussitôt libérés dans l’ensemble du pays. En attendant, l’Assemblée nationale du Yémen réunifié résulte de la fusion des deux corps législatifs. Le principe d’une union des deux armées est décidé, mais si l’état-major a effectivement fusionné, à ce jour, l’armée du Nord et celle du Sud constituent encore des entités distinctes.
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