Avant l'ouverture du 40e salon de l'aéronautique et de l'Espace au Bourget, il nous a semblé utile de constituer un dossier sur les industries d'armement. De hautes personnalités ont bien voulu apporter leur opinion sur cette question, et nous les en remercions particulièrement. Dans l'ordre de publication des textes, nous trouvons les signatures de M. Yves Sillard, Délégué général pour l'armement (DGA) ; M. Henri Martre, président du Gifas, vice-président du Conseil général de l'armement ; l'ingénieur général de l'armement Paul-Ivan de Saint Germain, directeur de la Dret ; l'ingénieur général de l'armement Jean-Paul Gillybœuf, directeur du Scai ; l'ingénieur général de l'armement Henri Conze, auteur d'un article remarqué sur la dissuasion nucléaire en février.
Vers l'Europe de l'armement
La « course aux armements » qui a caractérisé la guerre froide est désormais terminée, ou, tout au moins, marque le pas ; mais l’éclatement du bloc de l’Est, la naissance d’une nouvelle Europe, la multiplication des conflits locaux dessinent un paysage géostratégique qui porte en germe des risques face auxquels il nous faut adapter progressivement notre dispositif de défense.
Ainsi, nous devons maintenir la crédibilité de notre puissance de dissuasion et de notre armement conventionnel pour tenir compte de l’imprévisibilité de la situation dans les pays de l’ex-URSS ; mais nous devons également nous doter de moyens adaptés à la prévention et à la gestion des crises locales, pour lesquelles des outils spécifiques, tels que les systèmes de recueil et de traitement du renseignement, sont à mettre au point. Enfin, devant le risque terroriste et la probabilité quasi inéluctable d’une prolifération dans le monde de missiles balistiques, certes rustiques, mais à grande portée et susceptibles d’emporter des charges conventionnelles ou chimiques, des déchets nucléaires, voire un jour des charges nucléaires, il nous faut réfléchir dès à présent à la forme que pourrait prendre une « dissuasion d’inhibition », à base de missiles à haute précision et à charge militaire limitée.
L’histoire démontre que la technologie demeure l’un des éléments majeurs de la supériorité militaire. L’expérience récente, lors du conflit du Golfe notamment, le confirme, comme elle confirme l’importance de réaliser l’interconnexion des équipements pour former de véritables « systèmes de systèmes d’armes ». De plus, la supériorité technique est un facteur important dès lors que l’on souhaite — et c’est un élément majeur dans une société démocratique — sauvegarder autant que possible la vie de nos combattants.
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