La nouvelle bataille du renseignement
Les mutations brutales en Europe de l’Est qui ont transformé l’équilibre géostratégique de la planète ont surpris la plupart des observateurs politiques et militaires. Le manque d’informations dans certains domaines sensibles est également apparu à l’occasion de la guerre du Golfe, où la dépendance de la France vis-à-vis de son allié américain dans ce secteur primordial a été importante. La modification de l’échiquier géopolitique international et les grandes incertitudes à venir nécessitent plus que jamais une évolution des mentalités pour se lancer dans la nouvelle bataille du renseignement qui s’annonce.
Le bouleversement du paysage géopolitique
Le nouveau désordre international
Les événements qui se sont succédé depuis la fin des années 80 en Europe de l’Est ont totalement modifié les données stratégiques issues de la Deuxième Guerre mondiale. L’effondrement de l’empire soviétique, l’affaiblissement du communisme et la cessation du messianisme marxiste-léniniste ont engendré une situation complexe aux conséquences durables, qui bouleverse la plupart des dogmes établis. Placée devant l’impérieuse nécessité de reconstruire une économie en faillite, la Russie a dû renoncer à sa stratégie offensive qui privilégiait les moyens militaires. La désintégration du Pacte de Varsovie qui en a résulté a mis un terme à l’affrontement Est-Ouest prévalant depuis un demi-siècle et permis la relance d’un processus de désarmement à grande échelle. Ce changement de contexte a ouvert la voie à un nouvel ordre militaire international qui s’est notamment traduit par les accords Start et diverses mesures de confiance et de sécurité en Europe entre les deux anciens blocs (accords de Vienne et de Stockholm). Dans le même temps, le réveil des nationalismes a créé des foyers de troubles graves dans la quasi-totalité des républiques de la CEI et une situation explosive dans les Balkans.
Les tensions sont également fortes dans les arcs sud et est de la Méditerranée où les provocations iraquiennes et l’interminable antagonisme israélo-arabe peuvent à tout moment déclencher un conflit régional aux dimensions internationales en raison des enjeux économiques. Dans cette poudrière hautement stratégique, les fanatismes incontrôlés constituent toujours une menace pour les États occidentaux souvent impuissants à contrer les actes de terrorisme. Plus au sud, les pays africains en proie à une explosion démographique pourraient chercher, dans un contexte de paupérisation croissante, des exutoires vers le nord. Les situations préoccupantes dans le continent (Zaïre, Togo, Soudan, Rwanda, Angola, Mozambique, Algérie…), voire anarchiques (Liberia, Somalie), dues en particulier aux luttes ethniques et claniques, ont pris d’ailleurs des proportions inquiétantes.
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