Depuis quelque temps, le dilemme armée de conscription ou armée de professionnels est à nouveau à l'ordre du jour, pour différentes raisons que de nombreux auteurs ne manquent pas de présenter dans notre revue. Toutefois, aucun de ceux-ci ne s'était encore prononcé pour l'armée entièrement professionnalisée, c'est-à-dire en fait la suppression de la conscription. L'auteur expose ses arguments en faveur de cette dernière option ; mais le débat est loin d'être clos.
Armée de conscription ou armée professionnelle ?
Pour beaucoup de Français, il n’y a point d’armée nationale sans service militaire obligatoire et la conscription revêt dans leur esprit un caractère traditionnel auquel ils attribuent une grande ancienneté et portent un attachement quasi religieux.
La vérité historique est cependant assez différente ; parmi les idées révolutionnaires, la conscription ne fut pas la mieux accueillie : elle fut, avec les entorses à la liberté religieuse, l’une des causes principales de la révolte des Vendéens qui pour le reste n’étaient nullement hostiles aux Lumières. Après la guerre de 1870-1871, le service militaire était d’une grande inégalité et ce n’est qu’au début du XXe siècle, à la veille de la Grande Guerre, qu’un recrutement totalement démocratique prévalut, qui perdura jusqu’en 1940. Dans l’histoire de France, cette pratique n’est donc qu’un épisode.
Aujourd’hui, le poids de l’Europe, les rivalités entre les principales nations européennes sont bien loin de ce qu’ils étaient il y a 120 ou 50 ans : la nature des besoins a profondément changé. La guerre du Golfe, les événements de Yougoslavie ont montré de façon éclatante l’inadaptation des forces, terrestres en particulier, de la France et des nations continentales européennes aux exigences des crises concevables actuellement.
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