L'auteur, en qualité de membre associé de la Fondation pour les études de défense nationale (FEDN), faisait partie de l’observatoire stratégique des États-Unis. Ce groupe a notamment publié en 1991 Les lauriers incertains, stratégie et politique militaire des États-Unis, 1980-2000, sous la direction de François Géré.
Les États-Unis et la projection de puissance
La situation géographique des États-Unis d’Amérique, au centre d’un sous-continent, voire « quasi-continent » à eux seuls, les met dans une situation stratégique qui, à l’échelle mondiale, n’est pas sans analogie avec celle qu’occupait naguère la Grande-Bretagne par rapport au continent européen. Alors que, depuis 1066, le territoire britannique n’a plus été envahi, les États-Unis ne l’ont jamais été. La seule agression directe qu’ils aient eu à subir se situait à Pearl Harbor, à plusieurs milliers de kilomètres des côtes américaines. C’est pourquoi, à la différence des armées européennes, et notamment de l’armée française, la défense du territoire national n’a jamais constitué la préoccupation majeure des forces américaines.
En 1917, lors de leur entrée en guerre, les États-Unis, « faute de voisin à redouter, entretenaient une armée modeste adaptée à des besoins limités : 120 000 soldats de métier disséminés dans les colonies et aux quatre coins de la métropole en petits détachements et camps isolés, 150 000 hommes de la garde nationale gardant le front mexicain. Depuis la guerre de Sécession, ils n’avaient pas connu la moindre guerre. Il n’existait pas d’unité supérieure au régiment » (1). Les missions des armées américaines ont, en conséquence, dès l’origine, été orientées vers l’action extérieure, la projection de forces, avec une marine de guerre relativement puissante et un corps de fusiliers marins, les « US Marines », dont l’importance, sans cesse croissante, a tendu progressivement à en faire une « 4e armée ».
Notons toutefois que cette expression de « projection de forces » peut prêter à confusion dans la mesure où elle recouvre à la fois le moyen — le déplacement de forces — et la fin — le résultat stratégique ou tactique à obtenir —, d’où le terme plus général de « projection de puissance ». L’usage effectif de la force, disait en d’autres termes le maréchal Lyautey, n’est pas toujours nécessaire pour montrer sa puissance et atteindre le but désiré.
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