Réflexions sur le Livre blanc
La formule d’un « Livre blanc sur la défense » est courante. Que celui-ci soit annuel comme en Corée, plus ou moins triennal comme en Grande-Bretagne, voire d’une périodicité changeante comme c’est le cas outre-Rhin où paraîtra l’an prochain le premier Livre blanc depuis la réunification allemande, l’objectif est pour l’essentiel d’informer l’opinion publique sur la doctrine, les moyens et les finances dans un souci de vulgarisation et de transparence.
Tel est également le but dans notre pays puisque Michel Debré, en tête du Livre blanc de 1972, justifie ce dernier par la nécessité d’obtenir un « consentement national », terme repris en 1988 par André Giraud dans un ouvrage illustré voué à la « défense de la France », sorte de Livre blanc officieux qui s’efforce de mettre celle-ci à la portée de tous.
Atteindre l’opinion n’est pas, toutefois, chez nous le but unique. Le Livre blanc de 1972 est moins, peut-être, un aide-mémoire qu’une sorte de monument qui campe l’archétype gaullien dans un projet politique clair dont les choix stratégiques découlent rigoureusement. Héritage redoutable que nul, d’ailleurs, n’a osé ou jugé opportun de mettre directement en cause depuis ! C’est dire qu’aujourd’hui l’exercice en cours, courageusement programmé par le Premier ministre, n’est pas facile et, tout naturellement, soulève nombre d’interrogations et de critiques. Celles-ci, amplifiées par l’originalité et la dimension du processus collectif mis en œuvre, touchent à la fois à la finalité de l’entreprise et à ses chances de succès.
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