Occident et Proche-Orient
Les échecs répétés des Occidentaux en Proche et Moyen-Orient, ces dernières années, n’ont généralement pas fait l’objet des études qu’ils méritent. L’importance de cette partie du monde dans la guerre psychologique engagée entre le monde libre et les pays soviétiques n’échappe cependant à aucun observateur. Sur le plan politique, le Proche et le Moyen-Orient sont les traits d’union entre l’Europe et l’Asie du Sud-Est et une scission entre l’Orient et l’Occident, grave pour l’Amérique, serait beaucoup plus lourde de conséquences encore pour l’Europe. Sur le plan économique, la perte des pétroles proche et moyen-orientaux engendrerait des troubles considérables. L’Europe reçoit 90 % de ses carburants liquides du Moyen-Orient et la substitution du Canada et du Brésil par exemple aux sources actuelles exigerait de nombreuses années.
Les échecs ont été le plus souvent imputés à l’incompréhension des partenaires orientaux, voire à leur mauvaise foi. Cela est peu sérieux. Dénoncer la « mauvaise foi » en Orient est une aussi grande originalité que de découvrir de nos jours l’Amérique. C’est d’autre part juger selon des normes occidentales un mode de pensée qui n’a rien à voir avec celles-ci. C’est enfin oublier que, même sur ce terrain, l’Occident, en de fréquentes occurrences, ne s’est peut-être guère fait distancer par l’Orient.
Parler de l’incompréhension des pays orientaux vis-à-vis de la menace communiste, c’est ignorer à la fois leur terrible misère et l’inconsistance actuelle des arguments d’ordre purement moral dans des régions où les rapports entre l’individu et l’État n’ont rien de commun avec ceux qui existent en Occident. Le personnalisme chrétien continue de marquer profondément nos communistes les plus en vue. À l’inverse, l’Asie est écrasée, jusque dans ses parties méditerranéennes, par le sentiment de l’insignifiance de l’individu devant la masse indistincte, grouillante, aux réactions brutales, courbant l’échine humblement et qui, soudain déchaînée emporte tout sur son passage, palais, rois, prophètes. Pour l’ordinaire, quel autre régime que la tyrannie pourrait convenir ? Qu’on la drape d’oripeaux démocratiques ne change en rien au fond du problème actuel.
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