Au Zaïre, les forces armées, loin d’être homogènes et unies derrière leurs supérieurs hiérarchiques et les dirigeants politiques, se présentent tantôt comme les plus fervents défenseurs du régime mis en place par l’actuel chef de l’État, tantôt comme des victimes de ce système. Dans les deux cas, de par leur conception et organisation depuis l’indépendance, puis après le putsch de 1965, elles constituent un frein puissant au processus de transition démocratique. Pourquoi ? Comment ?

L’armée se définit généralement comme un système d’hommes élaboré conjointement à un système d’arme en vue d’obtenir la meilleure efficacité contre un ennemi, une menace, extérieur ou intérieur, potentiel ou réel. Encore faut-il préciser que l’armée ne peut utiliser la force que de manière organisée, coordonnée, pour résoudre un conflit mettant en cause la souveraineté, c’est-à-dire dont l’enjeu est l’atteinte à l’ordre étatique existant : territoire, populations, institutions démocratiques ⁽¹⁾. L’armée représente ainsi un bouclier protecteur, mais peut aussi signifier un danger – du fait qu’elle dispose de la force –, tant sur le plan des rapports entre pouvoir civil et autorité militaire que sur celui des relations qu’elle entretient avec les populations. La question de fond – qui n’est d’ailleurs pas spécifique au Zaïre – est celle d’un consensus politique global à instaurer, d’une harmonie à développer entre le pouvoir, l’armée et les citoyens.

Le défi, en cette période de transition, est de savoir tirer les leçons des trente dernières années à partir d’un diagnostic précis des forces armées zaïroises (FAZ), et surtout de jeter les bases d’une armée nouvelle propre à répondre aux attentes des populations.