Cet article est le résumé d'un mémoire intitulé : « Éléments de discussion sur la création de l'armée mixte combinée », fruit de la réflexion commune d'un groupe d'officiers d'active et en retraite – parmi lesquels des officiers généraux – dont les deux auteurs sont les rédacteurs. Il est tenu compte, ici, des observations formulées par plusieurs hautes personnalités politiques et militaires.
Un projet d'armée mixte combinée
La conscription, avec la réduction du service à dix mois, se situe désormais très en dessous du seuil acceptable de rentabilité en tant que système de recrutement principal de l’armée de terre. Le subtil concept de « disponibilité opérationnelle différée » a entériné le fait que la plupart de nos unités terrestres sont en sommeil. Dans sa configuration actuelle, « l’armée bon marché » coûte trop cher pour ce qu’elle vaut. À l’époque de la mondialisation des problèmes — M. J. Delors ne comparaît-il pas récemment le monde à un village ? —, elle en est encore — toutes choses égales par ailleurs — au bon vieux temps de la ligne Maginot. Entre la bombe nucléaire trop puissante quand nos intérêts vitaux ne sont pas menacés, et l’armée de conscription inopérante hors de la métropole, la France ne dispose pas de l’instrument d’une stratégie de dissuasion et d’action souple dans la prévention et le traitement des crises, foyers potentiels de guerre, où elle devrait être en mesure, le cas échéant, de s’engager. Cet instrument indispensable, c’est l’armée mixte combinée (AMC).
Productivité et efficacité des armées
Les arguments avancés par les adeptes de la conscription sont essentiellement le coût excessif d’une armée professionnalisée et ses difficultés de recrutement. Aborder ce sujet sous l’angle des coûts, oui, mais à condition de prendre en compte toutes les composantes de ce paramètre et de ne pas occulter les autres : la productivité et l’efficacité dans les deux types d’armée.
D’aucuns prétendent qu’il est inutile de mesurer la productivité des personnels militaires « car elle est souvent négative, au moins dans l’immédiat » (1). Sous-entendu : en temps de paix l’armée prélève une partie de la richesse de la nation sans rien lui apporter en retour. Analyse exacte économiquement, contredite par l’histoire et, aujourd’hui, par la stratégie de dissuasion. Par ailleurs, il est possible de comparer les productivités relatives d’un appelé et d’un engagé dans un emploi donné. Grâce à des contrôles opérationnels, le commandement sait évaluer les efficacités de régiments de même type dans une situation tactique déterminée. L’armée est un instrument, et se préoccuper de son coût sans le rapporter à l’effet attendu de son emploi n’a aucun sens.
Il reste 91 % de l'article à lire
Plan de l'article