Si des moyens techniques de plus en plus perfectionnés sont mis à la disposition de l’information, il n’en est pas moins vrai que les performances d’un système de renseignement tiennent essentiellement aux connaissances et au professionnalisme de ses membres. L'auteur, ancien directeur de la DGSE, nous montre bien l’importance de l’homme et de ses qualités propres dans ce domaine, comme dans tout autre d’ailleurs.
Du renseignement et des hommes
Le Livre blanc sur la Défense et la loi de programmation militaire de 1994 ont officiellement consacré l’importance du renseignement parmi les autres facteurs essentiels de la défense des intérêts et de la sécurité de la communauté nationale. Le rapport qu’une commission du plan a établi au sujet de « l’intelligence économique » a mis en évidence la nécessaire maîtrise de l’information dans un concept élargi qui va bien au-delà des fonctions classiques de la veille technologique et de la protection des communications de l’entreprise. Ce sont là les signes évidents d’une prise de conscience et l’amorce d’un changement des mentalités et des comportements vis-à-vis d’une activité jusqu’à présent beaucoup trop méconnue et négligée par les élites françaises.
Dans le domaine militaire, la plupart des commentateurs insistent sur les aspects les plus spectaculaires, les satellites d’observation, les moyens électroniques d’écoute et d’interception, l’informatisation généralisée des systèmes d’exploitation. Économiquement, le développement considérable des banques de données et des réseaux planétaires, l’apparition des « autoroutes de l’information », s’imposent aussi bien aux pouvoirs publics qu’aux entrepreneurs. Par contre, on accorde beaucoup moins d’attention au facteur humain alors qu’il est, à mon sens, le plus important de tous.
Il est inutile de dépenser des milliards de francs pour acquérir des moyens d’observation par satellites si le personnel qui met en œuvre les circuits d’analyse, de concertation et d’élaboration des décisions n’a pas toutes les capacités requises. Les systèmes les plus coûteux et les plus perfectionnés de collecte des informations ne servent à rien si la discorde règne dans l’administration ou dans le gouvernement. Les meilleurs renseignements ne sont d’aucune utilité quand ils se heurtent à l’indifférence, aux préjugés, aux certitudes ou aux partis pris idéologiques des autorités de décision.
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