Études et enquêtes - La France devant les populations d'Outre-Mer
Entre la conception initiale du colonialisme et la conception actuelle, il y a opposition totale, du moins en théorie. La métropole, qui se trouvait autrefois devant des « Territoires », est aujourd’hui placée devant des « Populations ». Il s’agissait autrefois de tirer des territoires des marchandises aussi précieuses que possible, la population indigène ou importée étant l’accessoire ; aujourd’hui l’objectif est de développer les populations, l’accessoire étant cette fois le territoire.
Le premier colonialisme.
Dès l’instant que les populations comptaient peu, les territoires les plus profitables paraissaient être ceux où la Nature fait le mieux les choses, où le travail est à peine nécessaire. Les terres les plus enviées étaient donc les mines d’or et les régions tropicales. Nous avons peine à concevoir aujourd’hui que l’immense et riche Canada, dont le revenu national dépassera bientôt celui de la France, était moins prisé que les Antilles qui n’ont encore que 400.000 habitants. C’est que le Canada n’était guère jugé que sur ses fourrures. Et lorsque Cavelier de la Salle eut achevé sa magnifique descente du Mississippi, la colonisation de la Louisiane fut mollement poussée. Certains craignaient même de dépeupler la métropole. Les quatre millions de canadiens français (sans parler des Américains de souche canadienne française) descendent de quelque 15.000 émigrants, qui ont d’autant moins affaibli le pays que les pertes démographiques se réparent vite, dans un pays de forte natalité.
La traite des noirs a, d’ailleurs, été longtemps considérée non comme le meilleur, mais comme le seul moyen d’exploiter les richesses naturelles. Lorsque commença la conquête d’Alger, il ne fut à nouveau question que d’exploiter le territoire. Cette fois, le peuplement européen était envisagé, tandis que les Arabes seraient refoulés à l’intérieur où « ils coloniseraient le désert ».
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