La France, l'Otan et l'Europe
La dramatique impuissance de l’Onu et de l’Otan, qui n’ont pu arrêter la tragédie bosniaque et l’épuration ethnique poursuivie par le fer et par le feu, tout autant que la volonté de l’Amérique de ne pas risquer la vie de ses soldats dans l’ex-Yougoslavie doivent faire sérieusement réfléchir les Européens sur leur sécurité dont il est aujourd’hui évident qu’elle risque de ne pas être assurée en toutes circonstances par les États-Unis, si ceux-ci, pour des raisons qui leur sont propres, décidaient de ne pas intervenir dans un conflit régional en Europe et de bloquer de ce fait l’action de l’Otan.
Si le maintien sur le Vieux Continent d’une certaine présence militaire et d’un engagement politique solide des États-Unis est le seul contrepoids réel aux graves menaces que l’Europe pourrait connaître encore, le moment paraît venu pour celle-ci d’assumer davantage ses responsabilités propres concernant la défense et la sécurité, c’est-à-dire en clair de créer une véritable identité européenne de défense à partir d’un renforcement opérationnel de l’UEO, composante militaire de l’Union européenne, ainsi que l’a prévu le traité de Maastricht.
Cependant, cela est plus facile à dire qu’à réaliser. Il serait souhaitable que l’UEO sorte de son long immobilisme et renforce ses possibilités opérationnelles. Encore faudrait-il que la volonté politique de ses membres fût assez forte pour entraîner sur cette voie l’adhésion de certains pays comme la Grande-Bretagne et les Pays-Bas, plus « atlantistes » qu’européens. C’est pour tenter de fléchir leur résistance qu’a été inséré dans le communiqué final de Maastricht le compromis qui donne satisfaction à tous : « L’UEO sera développée en tant que composante de défense de l’Union européenne et comme moyen de renforcer le pilier européen de l’Alliance atlantique », et qu’en tant que telle l’UEO est prête à élaborer et à mettre en œuvre, sur demande de l’Union, les décisions et actions ayant des implications pour la défense.
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