Les clauses secrètes de Yalta
C’est une affirmation commune que les accords de Yalta ont partagé l’Europe en deux zones dévolues, l’une à l’influence soviétique, l’autre aux influences occidentales. M. Camil Bing, dans son récit romancé de la grandeur et de la décadence d’Anna Pauker, se fait l’écho de cette tradition : « Vous savez tous que, conformément aux accords de Yalta — que notre père génial s’est employé à si bien conclure — la Roumanie comme la Hongrie, la Bulgarie et la Pologne, sans compter la Yougoslavie où se trouve notre cher Tito, entrent dans la sphère d’influence soviétique. La concession que Staline a dû faire en échange fut de s’engager à tolérer l’installation de Gouvernements d’union nationale dans tous ces pays. Mais à présent, c’est à nous qu’il appartient d’agir, de manière à vider de toute substance aussi bien cette clause que toutes les autres. » Un peu plus loin, M. Bing écrit : « Les clauses secrètes des accords de Téhéran et de Yalta donnent aux Soviétiques la priorité dans les affaires intérieures roumaines. »
Ce partage de l’Europe, qui est affirmé ici et par beaucoup d’autres auteurs, est fort loin d’être aussi net. Nous ne connaissons pas « les clauses secrètes » de Téhéran et de Yalta, les textes et les faits publics laissent l’impression d’une assez grande confusion. Il est certain qu’en définitive l’Europe Orientale est devenue satellite de l’U. R. S. S. mais il est beaucoup moins sûr que cela ait été formellement convenu à Yalta.
Que savons-nous ? Le texte fondamental est la déclaration du 11 février 1945 sur l’Europe libérée. Elle pose trois principes :
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