Restrictions budgétaires et restructuration des armées : ces sujets sont à l'ordre du jour. L'auteur, député et rapporteur spécial des crédits d'équipement militaire à la Commission des Finances de l'Assemblée nationale, nous livre une analyse très complète.
La défense : le temps des choix
L’ampleur des annulations de crédits décidées par le gouvernement nous conduit à nous interroger sur l’adéquation de notre politique militaire à nos besoins et à nos moyens. La loi de programmation militaire votée il y a dix-huit mois est désormais caduque, comme l’a reconnu le ministre de la Défense. Le Livre blanc, la loi de programmation, le budget militaire pour 1995 doivent être passés par pertes et profits. Il est impossible de se borner à ravauder le système antérieur : il faut reconstruire un nouvel édifice, sur des bases radicalement nouvelles. Cependant, rien ne sera possible si, après cette « coupe claire » budgétaire, on ne redonne pas un niveau de crédibilité suffisant à notre politique de défense, tant vis-à-vis des armées que des industriels, sans même parler de nos adversaires potentiels.
En premier lieu, il faut définir des objectifs ou retenir des contraintes qui, par essence, ne seront pas susceptibles d’être un jour remis en cause et constitueront ainsi le fondement de notre politique militaire. Il nous faut dégager l’essentiel de l’accessoire, l’indispensable de l’utile, le possible du souhaitable.
Tous les grands pays industrialisés ont revu en profondeur leur politique de défense et réduit leur budget militaire et leurs effectifs, en restructurant leur industrie d’armement. C’est le cas des États-Unis, c’est également celui de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne et de l’Italie. La France, quant à elle, maintient intangibles les grands principes posés au début des années 60 : armée de conscription, dissuasion nucléaire, présence militaire en Afrique, capacité de projection des forces, pérennité d’un groupe aéronaval, poursuite de tous les grands programmes, maintien d’une industrie d’armement autonome et couvrant tous les besoins, pluralité d’entreprises privées ou publiques et de quasi arsenaux.
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