Plus de cinq ans après la fin de la guerre froide, le monde reste plongé dans une période de transition caractérisée par l’instabilité. Un monde multipolaire devrait progressivement naître de la fin de la bipolarité Est-Ouest et de la tendance croissante à l’organisation des relations internationales autour de centres de puissance multiples. Au XXI^e siècle, peut-être même dans les quinze ou vingt prochaines années, le monde sera régi à partir d’une superpuissance, les États-Unis, et de quatre autres grandes puissances, l’Europe occidentale, le Japon, la Russie et la Chine. Une étude prospective de la sécurité internationale au tournant du siècle prochain permet de dégager deux évolutions majeures : la poursuite de la détente mondiale et la manifestation de désordres régionaux.

Depuis la fin de la guerre froide, le trait le plus marquant de la sécurité de la région Asie-Pacifique a été sa relative stabilité. Il n’y a plus à présent de foyer de guerre majeur et aucun conflit de grande ampleur n’est susceptible de se déclencher dans la période à venir. On peut raisonnablement anticiper que cette stabilité perdurera dans les cinq dernières années de notre siècle, et même au-delà.

Les facteurs de déstabilisation régionaux

Demeurent cependant un certain nombre de facteurs pouvant jouer un rôle déstabilisateur dans la région : les points de conflit laissés en suspens par la guerre froide, les querelles territoriales non réglées, les incertitudes concernant l’avenir de certains États comme la Russie ou le Japon, la situation dans le détroit de Taiwan, la question coréenne, la reprise de la course aux armements, les conflits religieux ou les tensions commerciales. Si ces points de conflit ne semblent pas de nature à remettre en cause la stabilité actuelle, ils peuvent avoir à long terme un impact négatif sur la sécurité dans la région, voire y mettre fin s’ils ne sont pas traités ou maîtrisés de manière satisfaisante. Je me propose d’aborder certaines de ces questions.