Colloque - Guerres et paix au XXIe siècle (organisé par la FED)
Allocution du directeur général de l’UNESCO, le 18 décembre 1995, à l’ouverture du colloque organisé par la Fondation pour les études de défense. Lire la suite
Allocution du ministre de la Défense, le 19 décembre 1995, lors du colloque organisé par la Fondation pour les études de défense (FED). Lire la suite
Je ferai quelques remarques rapides sur un certain nombre de points qui seront repris aujourd’hui et demain. Lire la suite
Les facteurs de crise
Dans le premier quart de siècle que nous allons aborder, il est probable que les conflits internationaux seront caractérisés par les quatre dominantes suivantes : premièrement, les conflits majeurs qui opposeront les peuples ne seront pas d’origine politique, économique ou idéologique, mais culturelle ; deuxièmement, la forme de conflit violent qui prévaudra sera due au dynamisme démographique des peuples musulmans qui fait de la résurgence de l’islam une des caractéristiques principales du monde contemporain ; troisièmement, les formes de conflits potentiellement les plus dévastateurs seront provoquées par le dynamisme économique des pays asiatiques, en particulier par la montée de la Chine comme puissance dominante de l’est de l’Asie ; quatrièmement, bien que la résurgence islamique et la montée en puissance de la Chine constituent des défis majeurs pour l’Occident et l’ordre international placé sous son égide, ils seront limités dans le temps et s’estomperont peu à peu, vraisemblablement vers la fin du premier quart de ce XXIe siècle. Lire les premières lignes
L’écho retentissant recueilli par les thèses de Samuel Huntington sur le conflit des civilisations comporte un double danger : celui d’occulter d’une part la complexité du problème soulevé, d’autre part la richesse de l’œuvre d’un des auteurs américains les plus féconds et les plus imaginatifs. Qui, par exemple, parmi les nouveaux disciples ou détracteurs de Huntington, connaît son grand livre Political order in changing societies, où il analyse magistralement les dilemmes de la mobilisation et de l’institutionnalisation, du changement social et de la légitimité politique, dans les pays en transition ? C’est pourquoi nous avons choisi, pour montrer les limites et les dangers du thème qui a fait sa gloire mondiale, d’avoir recours à d’autres qu’il a illustrés non moins brillamment. Lire les premières lignes
L’évaluation des risques dans le monde d’aujourd’hui appelle deux constats initiaux. Le premier est que dans le monde aléatoire, ambivalent et réversible dans lequel nous entrons, l’écart qui sépare la crise de la stabilité, le succès de l’échec, les progrès des régressions sera sans nul doute de plus en plus mince. Cela condamnera de fait toutes les « grandes architectures » qui auraient pour ambition de garantir pour plusieurs décennies la paix ou l’équilibre du monde. Lire les premières lignes
Il me semble que la première question qui se pose est de savoir quelle est la source majeure des conflits de notre temps : est-elle le choc des civilisations, comme le suggère la thèse du professeur Huntington ? l’absence de centralité comme le suggère la thèse du professeur Laïdi ? l’éveil des nationalismes, l’affrontement des fondamentalismes ou le désarroi comme il est suggéré par beaucoup d’autres ? Lire les premières lignes
Au cours du siècle qui s’est écoulé entre 1890 et 1990, les sociétés du monde développé ont été dominées par la crainte de conflits majeurs ou obligées d’y faire face, car ils menaçaient leur survie politique voire, à l’âge nucléaire, leur survie physique. Ce n’est certainement pas une coïncidence si, durant cette période, la cohésion sociale et le pouvoir effectif des autorités étatiques ont été portés à leur plus haut degré. Lire les premières lignes
C’est aujourd’hui un lieu commun de dire que le danger de prolifération a considérablement augmenté depuis la fin de la guerre froide : la capacité de contrôle que les « anciennes » superpuissances exerçaient sur leurs alliés du monde développé s’est réduite, tandis que s’est accrue, dans ces circonstances nouvelles de « vide du pouvoir », la volonté des États de développer des armes de destruction massive pour satisfaire leurs besoins de sécurité ou d’expansion. Je travaille sur les questions de prolifération depuis 1977 et je ne partage pas cette opinion. Certes, l’attention des médias, de l’autorité politique et de la communauté stratégique, s’est développée au profit de ces questions après la disparition du vieil ennemi, mais en ce qui concerne le sujet lui-même, pour l’ancien « spécialiste de la non-prolifération » que je suis, peu de choses ont changé. Lire les premières lignes
La démographie est une des composantes majeures de ce que l’on appelait autrefois l’arithmétique politique ; elle est aussi une statistique morale car elle permet de mesurer le degré d’intégration ou de désintégration d’une société. Elle est la biologie des nations ; elle mesure le potentiel de croissance ou de décroissance, d’expansion ou de récession des groupes humains, des civilisations ou des religions. Certains même comme Laurence Summers, économiste en chef de la Banque mondiale, vont jusqu’à avancer : demography is destiny ; je n’irai pas jusque-là, mais je voudrais illustrer à quel point l’histoire demeure façonnée par la dynamique des nombres. Certes, la puissance est influencée par bien d’autres paramètres, comme le progrès technique ou les idéologies, mais ces derniers facteurs sont plus malléables. Dans La revanche du Tiers-Monde (1987), nous avons montré l’incidence du basculement démographique sur la montée économique de l’Asie ; dans Le crépuscule de l’Occident (1995), nous soulignons le recul potentiel de l’héritage occidental et la poussée de la culture musulmane dans une optique proche de celle de Huntington. Lire les premières lignes
Pourquoi peut-on parler aujourd’hui de guerre économique mondiale ? De 1945 au début des années 60, l’Europe et le Japon ont été plongés dans la reconstruction qui a fait suite aux destructions de la Seconde Guerre mondiale. Pendant cette période, les PNB des États européens et du Japon ont crû au rythme d’environ 4 % par an. Le commerce international a également augmenté du même pas, c’est-à-dire que la part des échanges internationaux dans la richesse mondiale est restée la même. À partir du début des années 60, et plus précisément en 1962-1963, jusqu’en 1973, année de la première crise pétrolière, un phénomène nouveau a fait son apparition : le commerce mondial s’est mis à croître beaucoup plus vite en volume que la richesse, à un rythme annuel supérieur de près de 7 % certaines années à celui du PNB mondial. De 1973 à aujourd’hui, sauf lors de la crise du pétrole de 1979, la part du commerce international a de nouveau augmenté par rapport au PNB mondial. Donc à partir de 1962-1963, la part des échanges entre les nations a doublé voire triplé dans la création de richesse. En Allemagne, par exemple, la part du commerce extérieur dans le PNB est passée de 7 à 8 % au début des années 60 à 33 % aujourd’hui, les taux étant un peu inférieurs en France, nettement plus faibles aux États-Unis et au Japon. Lire les premières lignes
Aujourd’hui, à la veille d’un nouveau millénaire, la Chine se trouve à un tournant décisif de son histoire. Avec une croissance moyenne de 9 % depuis quinze ans, la politique de libéralisation de son économie la conduira à plus ou moins long terme d’un totalitarisme communiste à l’établissement soit d’une démocratie parlementaire de type taiwanais, soit d’un régime autoritaire de type singapourien, ou de toute autre forme de gouvernement. Lire les premières lignes
Plus de cinq ans après la fin de la guerre froide, le monde reste plongé dans une période de transition caractérisée par l’instabilité. Un monde multipolaire devrait progressivement naître de la fin de la bipolarité Est-Ouest et de la tendance croissante à l’organisation des relations internationales autour de centres de puissance multiples. Au XXIe siècle, peut-être même dans les quinze ou vingt prochaines années, le monde sera régi à partir d’une superpuissance, les États-Unis, et de quatre autres grandes puissances, l’Europe occidentale, le Japon, la Russie et la Chine. Une étude prospective de la sécurité internationale au tournant du siècle prochain permet de dégager deux évolutions majeures : la poursuite de la détente mondiale et la manifestation de désordres régionaux. Lire les premières lignes
L’Afrique au sud du Sahara compte environ 500 millions d’habitants, abrite à peu près 10 % de la population mondiale, mais ne réalise que 2 % du produit intérieur brut mondial, soit 250 milliards de dollars en 1993. Or l’Afrique du Sud, à elle seule, représente 90 milliards de dollars et 1,7 % des exportations mondiales. Le taux de croissance réel est de 1,4 % en 1993 ; il correspond à une chute de 1,6 % de la production par habitant. Lire les premières lignes
Les nouvelles formes de violence
Le thème résume, à lui seul, les inquiétudes et les espoirs que nous ressentons devant l’avenir. Le débat sur les facteurs de crise nous a permis de mieux comprendre certaines des évolutions en cours qui tissent la trame des caractéristiques d’une époque, de son climat social, de la structure des sociétés politiques et civiles. Il s’agit maintenant de concentrer notre réflexion sur les menaces plus immédiates qui pèsent sur l’avenir, menaces dont nous sommes, avec des sentiments d’angoisse et souvent d’impuissance, les témoins. Ce sentiment est, chacun le ressent bien, à la mesure de l’espoir que nous avions eu de voir s’instaurer, avec la fin de la guerre froide, un monde plus homogène et moins conflictuel. Cet espoir n’était pas totalement infondé. La paix est revenue dans les conflits régionaux qu’avait attisés la confrontation idéologique : au Salvador, en Namibie, en Éthiopie-Érythrée, au Mozambique, au Cambodge, en Angola ; elle cherche aussi sa voie entre Israël, les Palestiniens et les pays arabes. Lire les premières lignes
Dans notre thème de réflexion, traiter du terrorisme c’est déjà postuler que le phénomène entre dans cette problématique : une évidence pour les esprits avertis, mais encore une interrogation pour les opinions publiques et nombre de décideurs politiques et économiques. L’action terroriste, par sa violence et sa soudaineté, est trop souvent vécue comme un accident social dont la dimension politique est gommée pour ne pas dire éludée par des gouvernements souvent désarmés par une menace diffuse, difficilement maîtrisable, et par une opinion publique prompte à enfouir dans son subconscient collectif le message de la terreur. Lire les premières lignes
Quelles sont les caractéristiques du terrorisme international ? Quelles sont ses causes fondamentales ? De quelles méthodes disposons-nous pour le contrôler ? Nous essaierons de répondre à ces trois questions. Notre objectif sera donc de décrire le phénomène, de mettre en évidence ses causes, et d’analyser les remèdes que les États et la communauté internationale pourraient et devraient utiliser contre ce fléau. Lire les premières lignes
L'intelligence stratégique
Commençons par un point de méthode : une des plus élémentaires expériences de la psychologie de la forme est celle de la perception d’un carré noir sur fond blanc. On peut l’intervertir, sans modifier la figure, en produisant la perception d’un carré blanc avec, au centre, un trou noir. Tentons une conversion analogue du regard : au lieu de concevoir les guerres actuelles comme autant de « désordres » (par référence à un ordre naturellement paisible dont elles constitueraient les manquements ou les défaillances), pointons, au contraire, la logique de ces apparents pataquès ; soulignons la cohérence interne, sociologique et stratégique des situations conflictuelles qui prolifèrent depuis l’éclatement de l’empire soviétique. Du coup, loin de simplement vouloir « rétablir » l’ordre supposé préexistant, un effort de paix lucide doit commencer par désordonner le nouvel ordre guerrier et terroriste qui se mondialise à grande vitesse, d’où l’hypothèse que je propose : les crises actuelles ne manifestent pas les lacunes d’une organisation pacifique et universelle en voie d’achèvement, ni les ultimes soubresauts d’une fin de l’histoire (entendons de l’histoire violente, celle des batailles et des bains de sang). Au contraire : les crises actuelles, loin de se recroqueviller, locales, hétérogènes ou anachroniques, dévoilent le visage nouveau et planétaire que prend une violence humaine désormais émancipée des blocages bipolaires de la guerre froide. Lire les premières lignes
Je voudrais réfléchir ici à la manière de mettre sur pied une organisation internationale capable d’alerter les gouvernements sur les risques de conflits potentiels et capable de leur fournir l’information pouvant les aider à prévenir leur aggravation ou à les maîtriser. Lire les premières lignes
Afin d’établir un diagnostic des conditions dans lesquelles nous abordons le XXIe siècle, il faut se pencher sur deux séries de questions aux implications majeures pour la sécurité et la compétitivité nationales. La première porte sur l’identification des menaces auxquelles nous serons confrontés. La seconde s’attache à la réflexion sur la nature de la guerre et de la paix au siècle prochain. Lire les premières lignes
Renseignement : ensemble des moyens visant à obtenir de l’information sur l’environnement des organisations humaines. Je voudrais traiter quatre points : premier point, les nouvelles priorités du renseignement ; deuxième, les nouveaux moyens du renseignement et de l’intelligence ; troisième, quelles sont les priorités en France, en ce qui concerne l’intelligence ? et quatrième, que dire, à ce sujet, de la coopération internationale, européenne et euro-américaine ? Lire les premières lignes
Les stratégies futures de prévention et d'action
Dans le débat sur les stratégies futures de prévention et d’action, mon propos portera sur le cas français. Je m’exprimerai en tant qu’analyste et non pas en tant qu’industriel : il y a d’autres moments pour cela. Lire les premières lignes
Les réponses qu’apporterait la Russie aux conflits futurs sont formulées dans la doctrine militaire officielle approuvée par Boris Eltsine en 1993. Les trois types dangereux pour la sécurité russe sont les suivants : l’éventualité, même lointaine, d’une attaque nucléaire généralisée, la menace d’une guerre régionale aux frontières de la Russie, une guerre séparatiste type guérilla sur le territoire russe. Lire les premières lignes
Les États-Unis sont, dans le domaine intérieur, en proie à une période d’évolution radicale, laquelle devrait affecter de façon décisive son approche concernant la politique étrangère et la sécurité. De fait, c’est l’ensemble du monde occidental qui se trouve confronté à un processus de transformation similaire. L’apparition de nouveaux modes de développement intérieur s’efforçant de relever les défis posés par la société industrielle avancée va inévitablement s’accompagner de nouvelles appréciations et décisions. Lire les premières lignes
Conclusions
Si la violence prend des formes nouvelles dans le monde contemporain, ses causes, elles, ne sont pas nouvelles. C’est ce qu’a montré le débat sur les facteurs de crises, que l’on peut regrouper en deux grandes catégories : le clivage entre les civilisations et les distorsions d’ordre économique. Lire les premières lignes
« Guerre improbable, paix impossible ». La formule de Raymond Aron se vérifie chaque jour. La guerre, au sens habituel du terme, est contenue ; mais fragmentée et localisée, la violence est partout. Vingt-cinq conflits armés polluent aujourd’hui la planète, comme autant d’éruptions volcaniques d’un monde soumis à des crises d’une ampleur, d’une diversité et donc d’une gravité inquiétantes. Nous avons l’impression de vivre en paix dans un monde en guerre, à moins que ce ne soit l’inverse : la violence est paradoxale, et par bien des aspects, échappe au carcan de rationalité dans lequel les États et les organisations internationales ont tenté de l’enfermer. Si la crise affecte toutes les sociétés à des degrés divers et sous des formes multiples, elle affaiblit avant tout les États ; ceux-ci ne disposent en effet ni des structures, ni des moyens, ni des responsables, qui leur permettraient d’affronter avec succès les problèmes du monde contemporain. Lire les premières lignes
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