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Ce que nous devons défendre : Le génie musical français
Dans cette sorte de recensement de nos valeurs profondes, auquel le Français est si peu enclin, mais que les circonstances imposent aujourd’hui comme un devoir précis, les notions de beauté, d’élégance, d’art, jouent un rôle dont nous devons savoir mesurer l’importance. Une aimable attitude de laisser-aller et de libéralisme nous a empêchés, sur ce plan comme sur bien d’autres, de prendre conscience de nos forces. Nous n’aimons pas proclamer nos vertus, soit par pudeur, soit par excès d’esprit autocritique, soit encore parce que nous pensons qu’elles s’imposent naturellement dans leur incontestable évidence. Mais n’est-il pas nécessaire, à présent, que ces beaux dédains d’artistes fassent place à des raisons plus impérieuses, celles qui sont à la base de cet ensemble de réalités spirituelles d’ordre universel que nous savons attachées à la fortune de nos armes ?
Il n’est pas vain de chercher à connaître comment et pourquoi la France exerce dans presque tous les arts une véritable suprématie. C’est à Paris que peintres et sculpteurs viennent chercher l’atmosphère d’exaltation qui peut féconder leur inspiration. C’est à Paris que les musiciens de toutes les nations viennent recevoir leur consécration. Et c’est la France qui fournit aujourd’hui au monde le meilleur ferment de ressources esthétiques et techniques où va puiser la musique.
La France est-elle un pays musicien ? On dira que les Français ne savent plus très bien chanter en chœur, que le théâtre lyrique à succès n’est pas toujours de haut goût, et que le répertoire populaire contemporain est généralement médiocre… Tout cela est vrai. Mais n’est-ce pas raison de plus pour se demander pourquoi la musique française, animée d’une vitalité sans égale, tient un premier rang incontestable, et d’ailleurs incontesté ? Pourquoi son rayonnement en Europe, de Léonin, maître de l’École de Notre-Dame de Paris au XIIIe siècle, à Maurice Ravel, n’a pour ainsi dire jamais connu d’éclipse ?
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