Cet article a été rédigé par le général Ély avant sa désignation au poste de Chef d’état-major général des forces armées.
La leçon qu'il faut tirer des opérations de 1940
Le désastre qui s’est abattu sur la France en 1940 a été évidemment et avant tout la conséquence du déséquilibre des forces existant, à ce moment, au profit de l’armée allemande. Nous avions un retard de plus de cinq ans dans notre préparation à la guerre. Un tel retard, que rien par ailleurs ne pouvait compenser, devait inévitablement se payer. Mais on ne saurait trop souligner cependant que notre doctrine sur la conduite des opérations, et surtout les conditions dans lesquelles elle a été appliquée pendant toute la campagne, ne correspondait pas à la forme de guerre qui nous a été imposée par l’ennemi et a été une des causes de la rapidité avec laquelle s’est trouvée consommée notre défaite.
Les réflexions qui suivent s’efforcent de mettre en relief cet aspect de la guerre et d’en tirer, pour l’avenir, les enseignements qu’il comporte.
Il peut paraître inutile, et même inopportun, de revenir sur nos malheurs du début de la guerre et de vouloir « creuser » à nouveau ce problème de notre désastre de 1940 plutôt que d’essayer, grâce aux campagnes victorieuses, si riches en enseignements, menées par nos troupes en 1944 et 1945, d’en rayer de nos esprits jusqu’au souvenir. Nous ne le pensons pas ! Les victoires, lorsqu’elles ne sont pas examinées avec le recul du temps, ne sont pas les meilleures conseillères pour l’avenir. Quand on vient de les vivre, en effet, qu’on le veuille ou non, et quelle que soit la liberté d’esprit que l’on pense avoir, on risque toujours de n’y trouver qu’une « recette » toute faite à l’usage de la guerre suivante.
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