Conférence du général d'armée aérienne (CR) Jean-Philippe Douin, grand chancelier de la Légion d'honneur, ancien chef d'état-major des armées (Cema), devant les auditeurs du Comité d'études de défense nationale (CEDN), le 4 juin 1998.
Du rôle du chef d'état-major des armées
Je désirerais articuler mon propos en trois points, le premier concerne principalement le commandement opérationnel que je viens d’exercer, le second évoque la préparation de l’avenir, et le troisième, pour finir, traitera des relations internationales militaires.
Le commandement opérationnel
Dans ce domaine, l’étude journalière des nombreuses crises qui ont concerné la France depuis mon arrivée à l’état-major des armées en 1991, donc juste après le départ du général Schmidt et l’arrivée de l’amiral Lanxade, a été une des fonctions les plus essentielles du chef d’état-major. Les crises n’ont pas eu tendance à diminuer par rapport aux époques précédentes, elles ont même augmenté en nombre et en intensité, et surtout en complexité, car les interactions politiques et militaires ont amplifié la difficulté avec la prise en compte des organisations internationales comme l’Onu, l’Otan, l’UEO, l’Union européenne, conférant ainsi encore plus d’importance au suivi politico-militaire de ces crises.
Le chef d’état-major est directement engagé dans la recherche des solutions, il préside chaque matin la réunion de commandement. La création de la direction du renseignement militaire de l’état-major interarmées de Creil, du commandement des opérations spéciales, du centre opérationnel interarmées, m’a fortement aidé car ces organismes travaillaient directement sous mes ordres. Cette interaction permanente du renseignement et de l’action a été des plus utiles, puisque, sur une quarantaine de crises depuis 1991, nous avons toujours pu anticiper, c’est-à-dire de ne pas être surpris par l’événement, pendant que tous les organismes qui suivent également les crises, comme la cellule ad hoc du quai d’Orsay, tenaient également leur rôle particulier. Nous avons fait preuve souvent d’anticipation en forçant la main de tous, afin de fournir à temps les renseignements que nous avions à présenter aux autorités politiques.
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