Avant-propos
En décidant de consacrer un dossier — sous la forme interrogative — à l’avenir de la sécurité intérieure, la revue Défense Nationale n’ignorait pas que le domaine est vaste et le concept incertain.
Pour les uns, la sécurité intérieure, en termes concrets, donc en termes crus, c’est tout simplement la sécurité publique plus la sécurité civile. Pour d’autres, au contraire, la vision doit être plus vaste et plus diversifiée : la sécurité intérieure devient alors, en simplifiant, la défense civile sans la dimension du conflit. Ces derniers mettent en garde contre une conception étriquée de la sécurité intérieure qui, à trop vouloir la « civiliser », la couperait de son substratum, la défense, vieil héritage qui l’alimente en doctrine, en réflexes et en moyens.
Divers jusqu’à l’hétérogénéité, le présent numéro traduit la complexité du débat sans anticiper sur sa conclusion théorique : le lien avec la défense y est manifeste. Il apparaît dans les approches transversales, nécessairement interministérielles : gestion de crise, zones de défense ; dans le rappel du rôle, souvent méconnu, des hauts fonctionnaires de défense des ministères ; dans l’illustration d’une coopération civilo-militaire réalisée quotidiennement par la brigade de sapeurs-pompiers de Paris ; a fortiori dans le regard renouvelé jeté sur le concept de défense du territoire, en partie occulté, il est vrai.
Cette conscience de la nécessaire osmose entre la défense et la sécurité intérieure ne saurait surprendre dans la revue Défense Nationale.
Sans rejeter les débats théoriques, ni sous-estimer la portée de la définition des missions, notre tradition nous pousse à privilégier les acteurs : sous cet angle, face aux besoins de l’ordre public et de la protection des populations, notions consacrées de la défense, nous savons qu’aux côtés des services de l’État, des collectivités territoriales, des partenaires de la vie associative et des citoyens eux-mêmes, les unités militaires de toute nature, gendarmerie incluse bien évidemment, au premier rang, apportent leur irremplaçable concours, fait de fidélité, de dévouement et d’expérience. ♦