La candidature de la Turquie à son entrée dans l'Union européenne ayant été acceptée, la question qui fait le titre de cet article est âprement débattue actuellement. Le vice-amiral d'escadre Philippe Durteste, ancien préfet maritime et commandant en chef pour la méditerranée, tente d'y répondre en analysant les données de ce problème difficile.
La Turquie doit-elle être en Europe ?
Posée sous cette forme, la question appelle généralement la réponse suivante : « Regardez la carte, s’il est vrai qu’il y a un petit bout de Turquie à l’ouest des Détroits, donc en Europe, l’essentiel du pays est évidemment en Asie. La question n’a donc aucune raison de se poser ».
Ce type d’« évidence », qui permet, à peu de frais, d’éluder l’importance politico-stratégique de cette question, mérite qu’on s’y attarde un instant.
La mer Méditerranée, telle que nous la connaissons aujourd’hui, résulte d’une importante collision entre les plaques africaine et européenne, commencée il y a environ 85 millions d’années. De ce qui constituait la Thétis, océan primordial, il ne reste plus guère que la mer Ionienne et le bassin Levantin ; les autres bassins maritimes que sont le bassin Algéro-Provençal, la mer Tyrrhénienne et la mer Égée, sont en réalité des bassins « arrière-arc », créés par la subduction de la plaque africaine sous la plaque européenne, avec amincissement de celle-ci, jusqu’à la rupture. Quant à la plaque européenne elle-même, elle subissait un plissement, connu sous le nom de plissement alpin et qui s’étend des Alpes à l’Anatolie.
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