L’auteur exprime, à titre personnel, un point de vue algérien qui semble, de plus en plus, présent dans la réflexion des élites intellectuelles des rivages Sud de la Méditerranée. Ces élites ne contestent pas, dans le fond, la nécessité de favoriser l’émergence d’un espace méditerranéen inséré dans le processus de mondialisation. Ils recommandent même d’en faire un laboratoire pour une version humanisée des relations internationales, à travers un co-développement harmonieux et équitable destiné à prévenir les risques de collision entre sociétés développées des rivages européens et sociétés précaires du Sud de la Méditerranée.
Sans disculper les dirigeants de l’Union européenne qui font preuve, parfois de duplicité, ces élites recommandent de stimuler les « contraintes positives » destinées à encourager le développement démocratique des pays du Sud de la Méditerranée. De toutes les conditions préalables à la réussite du projet d’Union pour la Méditerranée, ces élites considèrent que l’adhésion des populations de la rive Sud et l’engagement de leurs sociétés civiles constituent la condition sine qua non.
The MU project: utopia or reality? An Algerian view
This point of view, while purely personal, seems increasingly to be in tune with the thinking of the intellectual elites on the southern shores of the Mediterranean. They do not question the need to promote the Mediterranean space as part of the globalisation process. They even recommend that it be treated as a laboratory for a humanised version of international relations, through a harmonious and equitable codevelopment process which aims to head off a collision between the developed societies on the northern shores and the precarious societies of the south.
Il serait sans doute superfétatoire de s’attarder sur les caractéristiques physiques, humaines, économiques, culturelles et historiques de l’espace méditerranéen. La question est largement évoquée dans ce numéro spécial de la revue Défense nationale et sécurité collective, mais elle fait l’objet, ailleurs, dans la multitude de travaux documentaires produits par d’éminents spécialistes, de développements bien plus circonstanciés.
Ce qui doit requérir notre attention, au titre de la problématique qui nous interpelle, c’est de déterminer si l’espace méditerranéen par son ancrage historique, son champ de la civilisation et son potentiel économique présente un intérêt stratégique établi.
La thèse est récurrente, en effet, que le centre du monde se déplace, de plus en plus rapidement, vers ce « nouveau monde », avec son potentiel d’énergie et de croissance impressionnant, constitué par les pays asiatiques émergents dans le périmètre géographique qui borde le Pacifique. Il en résulte la conclusion implicite que l’espace méditerranéen, sur le plan stratégique, est devenu obsolète.