L'auteur met en perspective les théories géopolitiques de Harold Mackinder avec les récents progrès technologiques (sous-marins, missiles et nucléaire) : il considère que la marine a encore un avenir et va garder sa place même face à l'aviation.
Géopolitique et marine de l'avenir
On a pu définir la géopolitique comme « l’art d’utiliser la géographie à des fins politiques ». Et cette formule humoristique comporte sans doute une part de vérité, d’autant que les apôtres les plus célèbres de la nouvelle science n’ont jamais été capables de donner, de l’objet de leurs recherches, une définition claire et précise. « La géographie, a dit Kjellen, qui est celui d’entre eux qui avait l’esprit le plus didactique, est la théorie de l’État considéré comme un organisme géographique ou un phénomène spatial. » Voilà qui est bien nébuleux. Cependant, après avoir essayé de découvrir dans le fatras d’un nombre d’ouvrages considérable les idées maîtresses qui ont guidé les Mackinder et les Haushofer, on peut dire que la géopolitique consiste tout simplement dans l’étude de l’influence que peuvent avoir sur la politique mondiale les constantes géographiques éternelles de notre planète. Elle comprend aussi l’étude de l’évolution de cette influence en fonction de celle de la civilisation et, en particulier, des moyens de locomotion et des armements.
Sans discuter des fondements et des méthodes de la géopolitique, il est extrêmement intéressant de montrer combien certaines de ses théories — celles de Mackinder en particulier — se sont montrées prophétiques, et comment, en cette époque troublée, elles semblent s’appliquer à ce qui sera peut-être la dernière phase de la lutte séculaire de la terre contre la mer.
Cet examen nous amènera à rechercher quel pourra être le rôle joué par la Marine dans un tel conflit, en tenant compte évidemment, non seulement des conditions géopolitiques du problème, mais aussi du fait capital que nous sommes entrés d’une part, dans l’âge de l’air, d’autre part, dans l’âge atomique.
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