L'évolution monétaire internationale
Nous avions, il y a trois ans, dit dans cette Revue les espoirs que suscitaient, dans le monde appauvri par la guerre, les institutions créées en conformité des accords de Bretton Woods, en même temps que nous attirions l’attention sur la faiblesse fatalement inhérente à toute organisation internationale de ce genre. Aujourd’hui, il nous faut constater qu’en raison précisément de cette faiblesse, les résultats jusqu’ici obtenus apparaissent modestes et, somme toute, décevants.
Ce que voulaient les créateurs du système de Bretton Woods, c’est rétablir des monnaies qui fussent non seulement stables, mais convertibles, c’est-à-dire librement échangeables entre elles, de sorte que les personnes et les entreprises prenant des engagements envers l’étranger ou possédant des créances au-dehors — telles que, notamment, les importateurs et les exportateurs — n’eussent plus à craindre d’amples fluctuations des changes, et qu’elles pussent effectivement soit payer les sommes dues par elles, soit recevoir celles dont elles seraient créancières.
Les dirigeants du Fonds monétaire international, pierre angulaire du nouveau système monétaire, comptaient assigner aux devises des pays participants des parités correspondant à leur valeur réelle. Ils espéraient d’une part que, sauf dans le cas de ruptures profondes de l’équilibre des économies intéressées, les changes pourraient être maintenus aux niveaux ainsi fixés, avec l’aide de l’organisme régulateur dont les ressources seraient utilisées pour le règlement des déficits temporaires que feraient apparaître les balances extérieures des États membres ; d’autre part, que ces États pourraient, grâce au retour d’une stabilité monétaire normale, renoncer au contrôle rigide des changes, qui n’assure aux devises qu’une stabilité apparente et factice. Ainsi devait être restauré un mécanisme multilatéral des paiements internationaux, qu’excluaient les contrôles autoritaires institués depuis la guerre, voire parfois avant que les hostilités eussent commencé. Aussi bien, la renaissance d’un tel système était jugée universellement souhaitable, car sans elle une expansion durable des échanges entre pays, condition sine qua non du relèvement du niveau de vie des peuples, ne pourrait se concevoir.
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